Cannes 2017 : UNE SUITE QUI DÉRANGE, LE TEMPS DE L’ACTION / Critique

23-05-2017 - 08:02 - Par

Cannes 2017 : UNE SUITE QUI DÉRANGE, LE TEMPS DE L’ACTION

De Bonni Cohen & Jon Shenk. Sélection officielle, hors compétition, séances spéciales.

Synopsis officiel : Dix ans après qu’UNE VÉRITÉ QUI DÉRANGE ait introduit le changement climatique au cœur de la culture populaire, voici la suite fascinante et enthousiasmante qui montre à quel point nous sommes proches d’une véritable révolution énergétique. L’ex vice-président Al Gore poursuit infatigablement son combat en voyageant autour du monde pour former une armée de défenseurs du climat et exercer son influence sur la politique climatique internationale. Les caméras le suivent dans les coulisses, saisissant des moments publics et privés, drôles et émouvants, alors qu’il défend l’idée que bien que les enjeux n’aient jamais été aussi importants, les périls du changement climatique peuvent être surmontés par l’ingéniosité et la passion humaines.

En 2006, dans le documentaire oscarisé UNE VÉRITÉ QUI DÉRANGE, Davis Guggenheim mettait en lumière le travail de sensibilisation sur l’écologie effectué par l’ancien Vice Président des États-Unis, Al Gore. Un film surprenant puisqu’en dépit d’un dispositif raide et guère cinématographique – une conférence animée par Gore lui-même, expliquant les tenants et aboutissants du réchauffement climatique -, il se révélait non seulement très pédagogique dans son érudition, plutôt drôle dans son exécution – grâce à la personnalité affable de Gore – et au final souvent vif et passionnant. Un peu plus de dix ans plus tard, on remet le couvert avec UNE SUITE QUI DÉRANGE, dont la réussite s’avère malheureusement moins évidente. Mélange d’images de conférence, de situations filmées sur le terrain – Gore avec des scientifiques au Groenland, Gore à la COP21 de Paris… – et d’interviews en face caméra, UNE SUITE QUI DÉRANGE fait de son mieux pour renouveler l’intérêt. Et le fait principalement en centrant davantage son point de vue sur Al Gore, en retraçant son combat, passion de toute une vie. Là, le récit passe par de beaux moments, captant le militantisme de Gore – une séquence de discours remarquable où il rapproche la cause écolo des autres luttes civiques du XXe. Mais il se perd dans des images hors sujet sur les attentats parisiens de novembre 2015, ou dérive parfois vers la publicité (certes compréhensible) pour le programme de Gore visant à former qui le souhaite à effectuer les mêmes conférences que lui sur le réchauffement climatique. Plutôt maladroit dans cette démarche de recrutement, UNE SUITE QUI DÉRANGE gagne là en conviction militante ce qu’il perd en point de vue journalistique. Généreux en intentions mais finalement un peu pauvre en informations et en cinéma – tout simplement – UNE SUITE QUI DÉRANGE se penche toutefois sur une idée passionnante, que l’on aurait aimée voir développer davantage : « Pour régler la crise écologique, il faudra d’abord régler la crise de la démocratie », assure Al Gore, expliquant que les politiques se soumettent encore trop au marché et aux corporations industrielles – et à leurs lobbyistes – pour faire vraiment bouger les lignes. Une idée forte, évidemment applicable à une myriade d’autres secteurs que l’écologie, qui résume à elle seule notre époque et la nécessité d’un nouveau paradigme politique et social.

De Bonni Cohen & Jon Shenk. Avec Al Gore. Etats-Unis. 1h40. Sortie le 1er novembre

 

 

 

 

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