Cannes 2017 : JEUNE FEMME / Critique

23-05-2017 - 12:23 - Par

Cannes 2017 : JEUNE FEMME

De Léonor Serraille. Sélection officielle, Un Certain Regard.

Synopsis officiel : Un chat sous le bras, des portes closes, rien dans les poches, voici Paula, de retour à Paris après une longue absence. Au fil des rencontres, la jeune femme est bien décidée à prendre un nouveau départ. Avec panache.

JEUNE FEMME commence par un coup de boule. Paula, désespérée, se jette tête la première contre la porte de l’homme qu’elle aime. Résultat : K.O instantané. Cette ouverture violente résume à elle seule le ton singulier de ce premier film attachant. Faut-il en rire ou en pleurer ? Burlesque ou pathétique ? Evidemment les deux. Collé aux basques chancelantes de son héroïne déglinguée, le film épouse les sautes d’humeur, les joies, les colères, l’abattement et le courage de cette jeune femme rejetée par l’homme qu’elle aime mais bien décidée à trouver sa place dans la grande ville. Quelque part, JEUNE FEMME est une sorte de survival parisien. Alors que tout et tous la rejettent et lui intiment l’ordre de quitter la ville, Paula, magnifique héroïne tête à claques, décide de creuser elle-même sa place à grand coup d’engueulades et de bousculades. Evidemment, Leonor Serraille a ici une visée sociologique et politique. JEUNE FEMME est un beau film féministe sur l’émancipation amoureuse, une histoire d’amour progressive entre Paula et elle-même, un film de tempêtes et de galère en quête d’accalmie. C’est aussi le portrait souvent juste d’un Paris cosmopolite, à la fois joyeux et terne, fait de castes et de classes qui ne se rencontrent vraiment jamais. Paula navigue entre tous ces mondes, d’un stand pour vendre des culottes (mordante séquence d’entretien d’embauche) au grand appartement bourgeois d’une mère célibataire, jusqu’au petit studio d’un vigile amoureux. En pointillé, par petites touches, Léonor Serraille distille une vision acerbe de l’époque et son lot d’humiliations quotidiennes. Son héroïne, aussi pénible que valeureuse, brave tout cela avec une force, un humour et une ténacité qui donnent le rythme d’un film qui parfois semble un peu trop décousu. Mais surtout, elle est incarnée par une actrice phénoménale, Laetitia Dosch. Elle porte littéralement le film sur ses frêles épaules. Autant oiseau tombé du nid que rapace ravageur, la comédienne offre ici une performance toute en nuance, toute en énergie burlesque ultra maîtrisée, qui donne une force incroyable à ce film fragile. Il y a de la Geena Rowlands du GLORIA de Cassavetes dans cette performance jamais laborieuse, dans cette liberté et spontanéité de jeu. La précision de son jeu, sa palette de nuances impressionnent. Un vrai film d’actrice.

De Léonor Serraille. Avec Laetitia Dosch, Grégoire Monsaingeon, Souleymane Seye Ndiaye. France. 1h37. Prochainement

 

 

 

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