Cannes 2018 : COLD WAR / Critique

11-05-2018 - 13:22 - Par

Cannes 2018 : COLD WAR

De Pawel Pawlikowski. Sélection officielle, Compétition.

 

Synopsis officiel : Pendant la guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible.

 

Mélodrame amoureux au pied de la lettre, COLD WAR – entrée polonaise de cette compétition – suit sur une quinzaine d’années la relation entre une jeune chanteuse et danseuse et le pianiste de la troupe qu’elle a intégrée. De la Pologne d’après guerre où l’art est au service de la propagande jusqu’à 1964 en passant par le Paris 50’s des clubs de jazz, ils s’aiment, se désertent, se retrouvent, se quittent, se libèrent etc. en fonction de la situation politique (grosso modo) et de leur état amoureux (un peu capricieux en ce qui concerne madame…). Parfois cliché – je t’embrasse, je te repousse -, toujours enfermé dans un 1:33 maîtrisé et filmé dans un noir & blanc qui fait son petit effet, COLD WAR est un film figé par l’obsession du beau, du cadre, et singeant souvent (même si le terme est un peu fort) le cinéma dont il s’inspire (du classique Hollywoodien à Godard). La Pologne sous la neige au carré, le Paris jazz façon Nouvelle Vague par moment… l’histoire manque de personnalité, de chair et de sentiments et n’emporte jamais le spectateur, un peu rétif devant ce récit qui lui est asséné en force. Difficile de croire à cette histoire d’amour, charcutée par les ellipses et résumée davantage à ce qui cloche entre les deux amants qu’à ce qui les unit. Les personnages sont beaux, chacun de leur côté (lui, pianiste maudit, moins qu’elle, qui trace sa vie à travers les styles musicaux et les danses, son visage poupon ne prenant pas une ride) mais ensemble, ils s’annulent. Le manque d’ampleur et de romanesque empêche le film de décoller… Afin de nous dire qu’il était dur de s’aimer quand on était Polonais (quoi que le sujet n’est pas vraiment traité non plus), Pawel Pawlikowski (l’acclamé IDA) a opté pour le pur exercice de style et sacrifie son histoire sur l’autel de l’effet chic-choc. Les Dieux du cinéma sont tout de même avec nous : COLD WAR (parce que l’amour est une guerre froide) ne dure qu’une heure et demie et c’est très bien comme ça. 

De Pawel Pawlikowski. Avec Tomasz Kot, Joanna Kulig, Agata Kulesza. Pologne/France. 1h24. Prochainement

 

 

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.