Cannes 2018 : AYKA / Critique

18-05-2018 - 19:17 - Par

Cannes 2018 : AYKA

De Sergey Dvortsevoy. Sélection officielle, Compétition.

 

Synopsis officiel : Ayka vient d’accoucher mais elle n’a pas les moyens pour élever un enfant. Elle n’a pas de travail, des dettes à payer, et même pas de chambre à elle où dormir. Pourtant, rien ne peut supprimer ses instincts naturels.

 

Dix ans après être reparti de Cannes avec le prix Un Certain Regard pour TULPAN, Sergey Dvortsevoy est enfin de retour et se voit cette fois sélectionné en compétition. Malheureusement, son AYKA est une déception. Loin des steppes de TULPAN et de ses élans fantasques, AYKA évolue sur le bitume enneigé de Moscou, dans les couloirs exigus et les chambres bondées de logements insalubres, et se déroule sur un mode ultra réel. Le but de Dvortsevoy est clair : prendre le spectateur par le col et l’immerger totalement dans le quotidien brusqué, tragique et désespéré de sa protagoniste. Une jeune femme qui abandonne son nouveau né dans la première séquence du film – assez redoutable d’énergie, choquante dans sa crudité – et qui, sur l’espace de quelques jours, tente de trouver du travail pour rembourser ses dettes. Malgré ce début très prometteur, AYKA se délite extrêmement rapidement : non pas que le drame qui se joue laisse insensible mais Dvortsevoy, en usant uniquement de l’urgence, ne prend jamais aucune pause pour laisser son personnage exister. Si l’on comprend cette caractérisation étouffante, Ayka reste trop un mystère – carapace qui se brise enfin dans la dernière scène, malheureusement trop tard. On ne peut que reconnaître à Dvortsevoy la grande tenue de son traitement : jamais ne dévie-t-il de sa veine ultra réaliste et jamais ne cède-t-il aux sirènes du surlignage musical ou stylistique – au contraire de CAPHARNAÜM, avec lequel il partage néanmoins, et étrangement, plusieurs idées et scènes. Reste que presque vingt ans après ROSETTA, le parti-pris de AYKA, qui colle sa caméra on ne peut plus près de son héroïne du quotidien, semble un peu dépassé, voire franchement galvaudé.

De Sergey Dvortsevoy. Avec Samal Yeslyamova. Allemagne/Russie/Kazakhstan. 1h40. Prochainement

 

 

 

 

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