Cannes 2018 : DIAMANTINO / Critique

11-05-2018 - 14:15 - Par

Cannes 2018 : DIAMANTINO

De Gabriel Abrantes & Daniel Schmidt. Semaine de la Critique, Compétition.

 

Synopsis officiel : Diamantino, icône absolue du football, est capable à lui seul de déjouer les défenses les plus redoutables. Alors qu’il joue le match le plus important de sa vie, son génie n’opère plus. Sa carrière est stoppée net, et la star déchue cherche un sens à sa vie. Commence alors une folle odyssée, où se confronteront néo-fascisme, crise des migrants, trafics génétiques délirants et quête effrénée de la perfection.

 

À quel moment le cinéma arty a-t-il vraiment cessé de nous surprendre ? C’est la question amère qu’on se pose devant ce DIAMANTINO qui ne lésine pourtant pas sur les effets pour nous impressionner. Tout est une question du dosage. Exhibant tous les atours du cinéma ultra contemporain (ironie méta, ton politico-poétique concerné, virage queer) le film semble bizarrement déjà daté. En fait, on n’est pas bien sûr que la farce imaginée par Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt tape juste. Il y a quelque chose dans les grimaces grotesques de cette satire d’un célèbre joueur de foot mondialement connu (coucou Cristiano Ronaldo) qui semble appartenir déjà à l’ancien monde. Une star de foot gentiment neuneu, le vilain capitalisme qui dénature tout, l’hyper virilité jusqu’à la féminité, l’absurdité politique du monde, tout ça ronronne un peu. Non pas que ce soit mal fait d’ailleurs. Reconnaissons à Gabriel Abrantes et à Daniel Schmidt une énergie d’esthète qui rend ce DIAMANTINO tout sauf négligeable. Juste, quelque chose ne prend pas. À trop vouloir être hyper à la mode, hyper moderne, à trop construire son film comme une démonstration de force, le résultat laisse un peu tiède et a un arrière goût de déjà-vu. Les effets et le ton, volontairement décalés, prennent toute la place et empêchent la satire d’exister. Rien, de la naïveté de Diamantino ou de la cruauté de ses sœurs ne sonne juste et n’intéresse donc vraiment. Tout, des personnages caricaturaux aux situations volontairement abracadabrantesques, semble surligné et n’exister que pour asséner encore et encore la même loufoquerie, la même singularité triomphante. Le miroir déformant proposé ici ne renvoie finalement que sa propre image. Une sorte de cool sans fond, un décorum de cinéma d’auteur avec gadget méta qui noie tout sous « le décalage roi ».

De Gabriel Abrantes & Daniel Schmidt. Avec Carloto Cotta, Cleo Tavares, Anabela Moreira. Portugal/Brésil. 1h32. Prochainement

 

 

 

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.