Cannes 2018 : LES OISEAUX DE PASSAGE / Critique

09-05-2018 - 16:29 - Par

Cannes 2018 : LES OISEAUX DE PASSAGE

De Cristina Gallego et Ciro Guerra. Quinzaine des Réalisateurs, Ouverture.

 

Synopsis officiel : Dans les années 1970, en Colombie, une famille d’indigènes Wayuu se retrouve au cœur de la vente florissante de marijuana à la jeunesse américaine. Quand l’honneur des familles tente de résister à l’avidité des hommes, la guerre des clans devient inévitable et met en péril leurs vies, leur culture et leurs traditions ancestrales. C’est la naissance des cartels de la drogue.

 

Cela fait une grosse douzaine d’années que Ciro Guerra réalise des films (LES VOYAGES DU VENT a même été sélectionné à Un Certain Regard en 2009), mais c’est probablement avec L’ÉTREINTE DU SERPENT (Quinzaine des réalisateurs 2015) que ce Colombien s’est fait réellement remarquer à l’échelle mondiale. Un Noir & Blanc somptueux, un récit à la langueur chamanique, une sélection pour concourir au titre de Meilleur film en langue étrangère aux Oscars…  Ce film d’aventures aux confins de l’Amazonie est un choc pour quiconque ose s’y… aventurer. Trois ans plus tard, Ciro Guerra revient à Cannes, toujours à la Quinzaine, avec LES OISEAUX DE PASSAGE, coréalisé avec sa productrice Cristina Gallego.

Est-ce un hasard, mais il est moins radical que son précédent long-métrage, peut-être même – osons un gros mot – plus commercial. LES OISEAUX DE PASSAGE est le film de cartels quintessentiel, l’origin story de tous les BARRY SEAL, INFILTRATOR et autres Pablo-escobareries qui engraissent Hollywood. Il relate comment entre 1968 et 1980, une famille indigène de Colombie s’enrichit dans le trafic de marijuana mais compromet la paix clanique de la région alors que l’argent de la drogue lui procure de plus en plus de pouvoir. Stratagèmes et règlements de compte d’un côté, traditions et superstitions de l’autre : LES OISEAUX DE PASSAGE réussit le mariage du cinéma grand public et du cinéma plus contemplatif et stoïque, comme si un langage universel était venu s’immiscer dans l’art un peu raide de Guerra. Il y a toujours ces personnages au jeu impassible et ces effusions de violence soudaines – des effets habituels du cinéma d’auteur sud-américain –, mais la lecture est limpide.

LES OISEAUX DE PASSAGE détricote l’hégémonie colombienne sur le trafic mondial avec un souci anthropologique captivant. Le cinéma de Guerra retrouve des couleurs, certes moins clinquantes que le Noir & Blanc de L’ÉTREINTE DU SERPENT, mais non moins superbes. Qu’ils filment des danses « nuptiales » ou l’assaut mortel sur une villa en plein désert, Guerra et Gallego placent toujours leur caméra à la bonne distance pour créer la ferveur ou l’horreur. Ce sens esthétique admirable permet au film d’être une réussite indéniable.

De Cristina Gallego et Ciro Guerra. Avec Carmiña Martínez, José Acosta, Jhon Narvaez. Colombie. 2h05. Prochainement

 

 

 

 

 

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