Cannes 2018 : JANE FONDA IN FIVE ACTS / Critique

19-05-2018 - 00:12 - Par

Cannes 2018 : JANE FONDA IN FIVE ACTS

De Susan Lacy. Sélection officielle, Cannes Classics.

 

Synopsis officiel : Fonda a été haïe comme Hanoi Jane, convoitée comme Barbarella et annoncée comme un phare du mouvement des femmes. Ce film va au cœur de qui elle est vraiment, un mélange de vulnérabilité profonde, de magnétisme et de bravoure, pour montrer ce qui a alimenté sa vie inspirante, remarquable et parfois exaspérante. Fonda parle ici franchement et honnêtement de sa vie et de ses faux pas. Elle explore la douleur du suicide de sa mère, l’indisponibilité émotionnelle de son père, 30 ans de boulimie et trois mariages à des hommes très différents. Le film comprend également des entretiens avec la famille de Fonda et ses amis, dont Tom Hayden, Ted Turner, Robert Redford et Lily Tomlin, ainsi que des images rares de sa vie actuelle, à 80 ans.

 

La culture populaire a retenu de Jane Fonda qu’elle était d’abord la fille d’Henry, qu’elle donnait de sacrés bons cours d’aérobic et que Roger Vadim l’a pour toujours iconisée en Barbarella. Elle se souvient moins de ses grands films (KLUTE, ON ACHÈVE BIEN LES CHEVAUX…) ou de ses engagements politiques qui lui attirèrent l’ire de Nixon. Ce documentaire très exhaustif est signé Susan Lacy, déjà productrice et réalisatrice de certains épisodes d’AMERICAN MASTERS et surtout du récent et roboratif SPIELBERG : voilà qui donne une idée du potentiel de JANE FONDA IN FIVE ACTS, regard curieux mais sans concession sur une grande dame dont on a trop retenu la frivolité. Avec sa structure en cinq actes – comme son titre l’indique – consacrés notamment aux hommes qui, estime-t-elle, l’ont définie (son père et ses époux), des interviews événements (Robert Redford, sa fille…) et des images d’archives rares, ce documentaire plus porté sur le fond que sur la forme (il n’y a pas grande recherche visuelle) va revenir sur une vie entière de peines, de malheurs, d’erreurs, de bonheur, de réussites et d’échecs – bref une existence d’une grande richesse à essayer de comprendre qui elle était vraiment. Était-elle la petite fille cherchant l’amour d’un père devenu le grand symbole des valeurs du Midwest, l’enfant d’une femme psychologiquement fragile, l’épouse effacée de maris écrasants ? Un peu tout ça à la fois mais il a fallu à Jane Fonda une vie entière pour être Jane Fonda et c’est ce que montre Susan Lacy avec une grande délicatesse, une certaine science du montage et un tact énorme, surtout lorsque de douloureux sujets sont abordés (notamment son instinct maternel un peu abîmé)… « J’étais naturellement superficielle, dit Jane face caméra, portée par la confiance évidente qu’elle a mise en la cinéaste. J’ai passé des décennies à ne pas me poser de questions. » Puis on redécouvre soudain la Fonda militante, engagée au Vietnam jusqu’à être accusée de trahison, proche des Black Panthers, utilisant sa notoriété pour des causes importantes. Toujours parée au mea culpa si nécessaire, bardée d’une intelligence émotionnelle qui force l’admiration, la voilà à un stade de sa vie où il lui faut faire le point, et se rappeler autant ses « épiphanies capillaires » que ses coups d’éclats médiatiques. C’est le « début de son dernier acte » certes. Mais ce vrai/faux testament, qui va jusqu’à l’os d’une identité, est surtout la victoire du documentaire biographique sur toute sorte de complaisance.

De Susan Lacy. Documentaire. 2h13. Prochainement sur OCS

 

 

 

 

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