HALLOWEEN : chronique

23-10-2018 - 20:26 - Par

HALLOWEEN : chronique

Après GET OUT, un nouveau coup de maître pour le producteur Jason Blum avec HALLOWEEN, suite 40 ans après.

 

Si le HALLOWEEN de Carpenter ne fait plus très peur aujourd’hui, il reste un chef-d’œuvre de mise en scène. Jeu de cache-cache d’une précision machiavélique, ce parangon du slasher n’a jamais eu besoin d’être sanguinolent pour être d’une grande violence. Avec son masque blanc à la perruque mal implantée et son bleu de travail, Michael Myers était le mal incarné, frappant aveuglément dans une banlieue américaine comme il y en a tant. Les nombreuses suites au film ont pourtant égratigné son aura, lui inventant un lien de parenté avec Laurie Strode (Jamie Lee Curtis) et donc des intentions calculées. Les scénaristes David Gordon Green et Danny McBride ont imaginé la vraie suite de HALLOWEEN, comme si rien d’autre n’avait existé (Michael et Laurie, frère et sœur ? « Une rumeur que les gens ont inventée pour se sentir mieux », entend-on). On retrouve Laurie, quarante ans après qu’elle a échappé à Michael Myers. Elle a transformé sa maison en bunker, au cas où. Et elle a raison : lors d’un transfert entre deux établissements, Myers se fait la malle. Si, il y a quarante ans, les victimes se comptaient sur les doigts d’une main, la captivité lui a donné faim… Festival de tripes, ce nouvel opus fait du cinéma moderne avec son vieux boogeyman. Oubliée, l’angoissante pesanteur du film de 1978 ; celui-ci allie parfaitement les exigences de l’horreur contemporaine (assez rythmé, très graphique) et l’ambition d’honorer l’original avec un cinéma de qualité, plein d’audace. Trois ou quatre références directes au film de 78, des clins d’œil mais pas de fan service… Ce HALLOWEEN ne joue jamais pleinement la carte du méta mais pose de vraies questions actuelles sur la portée de Myers face aux atrocités du monde réel. Peut-il être pertinent aujourd’hui, l’agresseur de Laurie ? Apologue du mouvement Time’s up (c’est verbalisé en début de récit), HALLOWEEN est donc voué à la résilience de Laurie et à celle de sa fille et de sa petite-fille, toutes deux victimes collatérales, via le stress post-traumatique de notre survivaliste badass. Parfois mise en scène de manière allégorique « à la place de » Michael, Laurie inverse les rôles : la peur va changer de camp. Bourré d’idées perverses – autant Craveniennes que Carpenteresques, d’ailleurs –, HALLOWEEN est sous tension permanente. Certes, le temps d’un plan-séquence dément, Gordon Green va suivre Michael Myers à la trace, oubliant qu’à l’instar de l’original, il ne devrait jamais adopter son point de vue – pour conserver ce sentiment de danger. Une faute d’intention qui ne gâche en rien ce mélange surexcitant de commentaire social et de pur cinéma popcorn. 

De David Gordon Green. Avec Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Will Patton. États-Unis. 1h49 

4Etoiles

 

 

 

 

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