CREED II : chronique

08-01-2019 - 13:07 - Par

CREED II : chronique

Une suite qui s’impose grâce à sa richesse dramaturgique, sa justesse émotionnelle et un Michael B. Jordan des grands jours.

 

Avec CREED, Ryan Coogler ressuscitait la saga ROCKY, honorait ses marqueurs fondamentaux et s’en saisissait pour en faire autant une œuvre personnelle qu’un geste symbolique plus large – social, politique, cinématographique. Un tour de force qui forcément, rend aujourd’hui complexe la mission de Steven Caple Jr., chargé de lui succéder aux manettes de CREED II. Non, en dépit de sa réalisation soignée, CREED II n’est pas aussi marquant et virtuose que CREED. Sa résonance est moins retentissante. Il demeure néanmoins une proposition très solide et s’impose comme un épisode qui comptera dans la franchise ROCKY. Porté par nombre de belles idées (citons le prologue centré sur les antagonistes ou la première apparition de Rocky, modèle de mise en scène), il affirme son désir de ne pas donner au spectateur ce qu’il attend et de ne pas se laisser tenter par la surenchère. Les aficionados de spectacle en seront pour leurs frais : sur ses 130 minutes, CREED II réduit le temps d’écran de la boxe à son minimum, afin de privilégier une étude de personnages – comme le faisait ROCKY. Après s’être fait un prénom sur le circuit pro, Adonis (Michael B. Jordan, étincelant) se retrouve face à un défi de taille : un promoteur pousse le fils d’Ivan Drago, Viktor, à le défier… Il faut mettre au crédit de CREED II d’avoir pour fondation ROCKY IV, nanar génial, boursouflure jouissive des 80’s, et de s’imposer en drame sérieux entièrement consacré aux états d’âme de ses personnages – y compris les Drago, traités avec une application qui force le respect. Trouvant son identité dans une grande affliction, CREED II déconstruit le triomphalisme bêta de ROCKY IV et lui préfère une inquiétude permanente. Dans le surgissement de souvenirs douloureux, CREED II trouve le moyen de faire autant suite à ROCKY IV qu’à CREED et creuse les thématiques chères à Coogler. « C’est notre chance de réécrire l’Histoire, notre histoire », dit Ivan à Viktor. « La ceinture ne suffit pas », lance par ailleurs Adonis, conscient qu’on oublie les champions mais pas les icones. Comme CREED II lui-même, les fils luttent pour leur identité, les pères se débattent avec leurs légendes ternies, une Amérique résiliente bataille avec ses fautes et ses ennemis d’hier et d’aujourd’hui. Une dramaturgie d’une grande richesse, qui ne cède ni à la putasserie ni à la facile condescendance du héros sur son ennemi, qui sait être surprenante dans un cadre rebattu et qui mène CREED II à quelques sommets d’émotion et de rudesse – le training montage le plus doloriste de la saga. Sentimental et brutal ? Tout ce qu’on aime chez ROCKY. 

De Steven Caple Jr. Avec Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson, Florian Munteanu. États-Unis. 2h10. Sortie le 9 janvier 

4Etoiles

 

 

 

 

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