Les autres sorties de la semaine : PEARL et SKATE KITCHEN

30-01-2019 - 10:33 - Par

Les autres sorties de la semaine : PEARL et SKATE KITCHEN

Deux films à découvrir, par deux réalisatrices à suivre de près.

 

PEARL

Film de corps et de coeur, PEARL est le premier long fascinant d’Elsa Amiel, ancienne assistante de Bertrand Bonello.

Cinéma à la fois puissant et délicat, PEARL, premier long-métrage d’Elsa Amiel, va chercher son héroïne ultra féminine aux confins des compétitions de culturisme, là où on ne s’y attend pas. Ce n’est pas la moindre des surprises de ce film confiné à un hôtel d’aéroport, entre les chambres standardisées et les couloirs en réfaction. Léa (époustouflante Julia Föry) se prépare à gagner le titre de Miss Heaven, accompagnée de son impitoyable coach (Peter Mullan) qui la gave de cachets et veille à ce qu’elle respecte un régime drastique. Pour atteindre l’excellence, elle accepte tout de lui, son emprise dérangée, son expertise et ses humiliations. Quand son ex débarque avec leur fils qu’elle ne voulait plus voir, Léa perd un peu pied et son avenir professionnel est compromis. Ce corps d’athlète musculeux, asséché, fut un jour un corps nourricier. Ce qui s’est passé entre temps, le film le dévoile peu, à coup de dialogues évasifs, rivé au visage dur et impénétrable de son héroïne. Elsa Amiel offre à Léa un écrin de paillettes, de bijoux, de flares et de lumières alors même qu’elle porte un regard bienveillant sur cette féminité doloriste, cette silhouette singulière. Elle filme ce milieu mystérieux, ses codes et son vocabulaire, avec des cadres serrés, des couleurs enveloppantes. Au point de ne jamais respirer, au risque même d’être un peu hermétique. Mais le résultat reste bluffant.

D’Elsa Amiel. Avec Julia Föry, Peter Mullan, Arieh Worthalter France. 1h22. Sortie le 30 janvier

3Etoiles

 

 

 

 

SKATE KITCHEN

La réalisatrice du documentaire THE WOLFPACK passe à la fiction avec cette même curiosité pour les ados passionnés.

Camille trimballe sa solitude adolescente sur son skate à Long Island. Sur Instagram, elle suit le Skate Kitchen, un groupe de filles qui rident à New York. En décidant de les rejoindre, elle se trouve des amies, une nouvelle vie et connaît enfin ce fort sentiment d’appartenance qui lui manquait tant. Cheveux aux vents, des écorchures plein les jambes et les bras, accrochées à leur planche, elles parlent de ollies, de rampes, de tampons et de la forme de leur vagin. Ce sont des filles de leur âge, des intrépides modernes qui revendiquent leur sexualité et leur way of life. Héroïnes de leur époque, donc intrinsèquement féministes, elles respirent l’indépendance et une certaine féminité d’avant-garde. Leur look et leur pose de hipsters sont trompeurs : elles ne vivent ni pour consommer, ni pour être dans la tendance. Elles ne sont que liberté et soif de vivre. Avec SKATE KITCHEN, Crystal Moselle rappelle l’importance de la représentation au cinéma. Les filles sont trop rarement montrées ainsi : égales aux garçons jusque dans le droit à être différentes. Elles donnent aux images une force et une singularité précieuses. La caméra collée à leur planche tourbillonne dans New York et l’image, urbaine et pastel, est sublime. Quand le récit d’une amitié vire à l’histoire de trahison, le film s’essouffle, c’est vrai, mais ce ventre-mou nuit très peu à son pouvoir esthétique et politique. 

De Crystal Moselle. Avec Rachelle Vinberg, Nina Moran, Ardelia Lovelace États-Unis. 1h47. Sortie le 30 janvier

4Etoiles

 

 

 

 

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