SIMETIERRE : chronique

09-04-2019 - 15:42 - Par

SIMETIERRE : chronique

Une nouvelle adaptation d’un des romans les plus iconiques de Stephen King, trente ans après le film très flippant de Mary Lambert.

 

Parce qu’il touche au deuil, à la peur de perdre ceux qu’on aime et à la tentation d’immortalité, parce qu’aucune vie n’y est sacrée – pas même celle des bébés –, « Simetierre » de Stephen King est l’un de ses romans les plus terrifiants. En 1989, sortait une première adaptation signée Mary Lambert, agressive, glauque, montée avec violence. Son impact n’a d’ailleurs pas bougé ; la patine abîmée, le côté artisanal et la désinvolture de l’époque ont même renforcé son côté fétide. Trente ans plus tard, succès de ÇA oblige, Paramount a accéléré le remake. Les réalisateurs parlent de nouvelle adaptation mais le film original est suffisamment présent dans leur travail pour qu’on ne soit pas d’accord. Il y a certes deux changements majeurs par rapport au roman et au film de Lambert, mais ça n’en fait pas une relecture réelle pour autant. Le dénouement, notamment, a été réimaginé ; c’était dispensable. À part faire sombrer au dernier moment ce SIMETIERRE dans le bis, on ne comprend pas l’intérêt de vouloir « réparer » un élément du récit qui fonctionnait parfaitement. Dommage que les vingt minutes finales nous laissent l’impression d’un film raté. Car ce qui précède est plutôt réussi. Louis Creed (Jason Clarke) emménage avec femme et enfants dans une nouvelle maison, à Ludlow, entourée d’un vaste terrain boisé. Au creux de la forêt, trône un cimetière où les voisins environ enterrent leurs chers animaux. Le jour où Church, le chat des Creed, est tué par un camion, le vieux monsieur (John Lithgow) qui habite de l’autre côté de la route montre à Louis qu’il peut ressusciter la bête grâce à une terre sacrée. Les Creed vont apprendre à leurs dépens que ce qui est mort aurait dû le rester. Il y avait pourtant des signes et l’atmosphère était à couper au couteau. Rumeur dans les bois, murmures étranges, apparitions et hallucinations, SIMETIERRE est un sacré film d’ambiance, joliment confectionné. Des travellings plongeants observent fébriles le jeu de massacre en passe de se jouer, la forêt et le cimetière reconstitués en studio donnent de beaux airs d’épouvante à une image plutôt léchée… La tension monte doucement, il faut juste supporter quelques jumpscares assez banals et du fan service un peu pénible. Parce qu’au-delà, SIMETIERRE colle à la peau. Le récit, borné à quelques lieux, se prépare lentement à sa bouleversante tragédie familiale, portée par le regard terrassant de Jason Clarke. Beau drame, SIMETIERRE capte avec justesse la folie dans laquelle fait plonger la douleur et l’impalpable impression que la mort arrive. Mais il reste un film d’horreur très perfectible.

De Kevin Kölsch et Dennis Widmyer
. Avec Jason Clarke, Amy Seimetz, John Lithgow. États-Unis. 1h46. Sortie le 10 avril

3Etoiles

 

 

 

 

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