AVENGERS – ENDGAME : chronique

24-04-2019 - 07:07 - Par

AVENGERS – ENDGAME : chronique

ENDGAME boucle les trois premières phases du MCU. Un spectacle tout à son efficacité, et donc divertissant, mais qui manque néanmoins de chair et de surprises.

 

Comment défaire ce qui a été fait ? Rares sont les suites dont l’existence est en grande partie motivée par l’impérieux besoin de détricoter le précédent film afin d’assurer la continuité industrielle de son univers. AVENGERS : ENDGAME se présentait comme un exercice d’équilibriste intéressant a priori : comment les frères Russo allaient-ils bien pouvoir effacer les conséquences du claquement de doigt de Thanos ? Comment ressusciter des personnages dont on connaissait en amont le prochain retour à l’écran (à commencer par Spider-Man dans FAR FROM HOME) ? Et comment, ce faisant, conclure les trois premières phases du Marvel Cinematic Universe et ouvrir un nouvel horizon ? ENDGAME a le mérite d’essayer un genre un tant soit peu original : le film de casse super-héroïque aux proportions bibliques. Mais les réponses finalement apportées par l’intrigue ne sont, elles, jamais surprenantes. Rien dans le récit d’ENDGAME ou dans sa manière de boucler son casse-tête ne vient bousculer ce qu’on pouvait imaginer en amont : bien des fois, le script apparaît comme sorti d’une théorie de fan, sans ne proposer aucune réelle inventivité, aucune aspérité dans une logique imposée par des contingences industrielles et contractuelles. Si les rebondissements, nombreux, réguliers, certains étirant le récit artificiellement, ne font pas le sel d’ENDGAME ; si la finalité du récit n’a pas grande importance, peut-être que les Russo se sont alors concentrés sur ‘le voyage’ ? Comme INFINITY WAR, ENDGAME n’est jamais meilleur que lorsqu’il oublie le spectacle pour aborder les relations qui unissent les héros ou leurs traumas. Certains passages, trop courts, trop épars, saisissent une vérité et un embryon d’impact émotionnel – la première scène, superbe et tragique cauchemar infusé d’Americana, par exemple. Mais ENDGAME va au final trop vite, multiplie trop de séquences inutiles, a trop de trames à conclure, et finit par tout survoler en dépit de sa durée homérique de 182 minutes. L’émotion, guère construite, est trop souvent véhiculée uniquement par le talent des acteurs et la musique d’Alan Silvestri, puis perpétuellement court-circuitée par les impératifs d’efficacité, par un humour toujours plus bouffon et goguenard, par une autocélébration assez maladroite – jamais l’exercice d’itération narrative et de réflexion pop du MCU sur lui-même n’aboutit à plus que des clins d’oeil. « Il faut avancer », dit le Cap’. Pas sûr que les studios Marvel l’aient compris, tant tout ce qui est bâti ici et le futur qui en découle ne font qu’un timide pas de côté.

De Joe & Anthony Russo. Avec Robert Downey Jr., Scarlett Johansson, Chris Evans. États-Unis. 3h02. Sortie le 24 avril

2Etoiles

 

 

 

 

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