De Lorcan Finnegan. Semaine de la Critique, compétition.
Synopsis officiel : À la recherche de leur première maison, un jeune couple effectue une visite en compagnie d’un mystérieux agent immobilier et se retrouve pris au piège dans un étrange lotissement.
On ne pourra pas reprocher à VIVARIUM un manque de singularité de ton : l’horreur sans violence, un cauchemar graphique et très sonore à base de grimaces, de singeries et de cris stridents. Si vous vous souvenez du travail de Howard Greenhalgh sur le clip de « Black Hole Sun » de Soundgarden, c’est à peu près ça. La banlieue et sa vie souriante comme premier pas vers l’apocalypse. De là à dire que VIVARIUM est un poil daté, il n’y a qu’un pas qu’on va s’empresser de franchir. S’attaquer au conformisme, aux pavillons clonés à l’identique, ne manifeste pas d’une démarche très inédite. Le consumérisme ? Pas nouveau non plus, ni transgressif. Va pour écorcher la dictature de la famille traditionnelle – « élevez l’enfant, vous serez libérés », intime-t-on à ce jeune couple sans gosse… mais ce n’est pas forcément ce qui intéresse le réalisateur non plus. C’est présent, en creux, mais jamais vraiment totalement exploité.
Quand Gemma (Imogen Poots) et Tom (Jesse Eisenberg) veulent devenir propriétaires, un agent immobilier leur propose de visiter l’une des maisons de Vauvert, un nouveau lotissement isolé où tout jeune couple qui veut fonder une famille qui se respecte doit forcément s’installer. Ça, c’est pour le discours officiel. En plein tour du propriétaire de the place to live, le vendeur disparaît, laissant le couple incapable de s’échapper du labyrinthe banlieusard et condamné à investir leur maison-témoin de l’angoisse.
Qu’elle porte le numéro 9 est plus qu’un clin d’œil à l’époustouflante série anthologique britannique INSIDE N°9 – où chaque épisode donne une place centrale et différente au chiffre 9. Les comparaisons de chaque film un tant soit peu inquiétant dans son étrangeté à BLACK MIRROR sont devenues galvaudées (comme celles à LA QUATRIÈME DIMENSION avant cela), mais par sa nationalité, comme par son choix numéraire pas anodin, on fera allègrement le parallèle entre le show anglais de Reece Shearsmith et Steve Pemberton (meilleur que BLACK MIRROR) et VIVARIUM. Et le cinéma ne souffre pas la comparaison.
Bien que le réalisateur utilise à merveille et à bon escient l’imagerie et l’ironie publicitaires, il manque un peu d’esprit, de méchanceté, ou une écriture inattaquable (le récit est répétitif) pour que le film ait une puissance politique. En l’état, le message reste un peu consensuel.
Sans grand esprit donc, mais avec un certain sens de la terreur, VIVARIUM baigne son attaque contre la consommation et les idéaux natalistes dans un faux drame familial. Jesse Eisenberg – délesté de certains de ses tics – et Imogen Poots (toujours impeccable) donnent du corps au film malgré l’hystérie ambiante et il n’y a finalement qu’eux qui restent de ce film en forme de fausse bonne idée.
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