CRAWL : chronique

23-07-2019 - 12:54 - Par

CRAWL : chronique

Un survival avec des alligators ? Alexandre Aja pourrait faire ça les yeux fermés. Plus fun, tu meurs.

 

Dans INSTINCT DE SURVIE, Blake Lively, surfeuse déprimée et réfugiée sur un rocher au large d’une plage mexicaine, devait survivre aux assauts d’un squale. Dans 47 METERS DOWN, Mandy Moore pratiquait la plongée en cage et se retrouvait à 47 mètres de profondeur face à des requins gourmands. Malgré les qualités hautement amusantes des films de Jaume Collet-Serra et de Johannes Roberts, CRAWL d’Alexandre Aja, lui, parvient à s’élever largement au-dessus de la recette. C’est vrai, le pitch n’est pas sorcier. Kaya Scodelario (LE LABYRINTHE) joue Hayley, une nageuse partie prendre des nouvelles de son père (accessoirement son ancien coach) injoignable, alors qu’un ouragan ravage la région. Elle le retrouve gravement blessé dans le soubassement de la maison. On est en Floride, le coin est infesté d’alligators et, alors que le niveau de l’eau monte en sous-sol, père et fille vont devoir la jouer fine. CRAWL regorge de moments croco-glouton très roboratifs, au-delà du huis clos haletant dans le « crawl space ». Mais qu’il filme dans un espace confiné ou qu’il pose sa caméra au beau milieu du déchaînement des éléments, Alexandre Aja manie la tension et le suspense avec une habileté dingue. On pourrait dire que ça ne se joue pas à grand-chose : le bon travelling au bon moment, une gestion admirable du rythme et un premier degré salvateur. En fait, le film tient à une maîtrise absolue de la mise en scène par le réalisateur français. On ne se sent jamais floué face à ce thriller ramassé, porté par un personnage jamais idiot mais pas surhumain. Le réalisme et l’hyper-réalisme se disputent la réussite du film. CRAWL fonctionne parce qu’il navigue dans des postulats et des rebondissements incroyables tout en jouant avec la vérité du quotidien, le banal et le plausible. On croit à Hayley, à ses capacités d’apnée, à sa force de caractère, parce que le début du film s’y est employé. Son écriture, assez précise, a parfaitement établi la relation brisée entre elle et son père, le fonctionnement d’une famille qui s’est noyée sous les tensions, les preuves qu’ils restent à faire à chacun. Ce n’est pas du Shakespeare, on en convient. Mais si on ajoute à cette efficacité toute hollywoodienne une esthétique très soignée, donnant aux plans en extérieur des airs de films de studio à l’ancienne, avec ses lumières sophistiquées et ses effets numériques comme du mate painting, alors le tonitruant CRAWL finit par largement transcender son allure de thriller estival formulatique. Il s’impose comme l’un des films les plus réjouissants de l’été. Du divertissement dans les règles de l’art. 

D’Alexandre Aja. Avec Kaya Scodelario, Barry Pepper, Ross Anderson. États-Unis. 1h40. Sortie le 24 juillet

4Etoiles

 

 

 

 

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