FAST & FURIOUS – HOBBS & SHAW : chronique

07-08-2019 - 09:40 - Par

FAST & FURIOUS - HOBBS & SHAW : chronique

Le duo Luke Hobbs / Deckard Shaw fonctionnait à plein dans FAST & FURIOUS. Une alchimie trop peu exploitée dans leur spin-off, blockbuster sans personnalité.

 

« Nous, on croit en l’humain ! », lance fièrement Luke Hobbs (Dwayne Johnson) à Brixton (Idris Elba), bad guy bionique qui se caractérise lui-même comme « un Superman noir ». Une réplique en forme de sarcasme méta à l’égard du genre super-héroïque qui domine l’industrie – la franchise FAST & FURIOUS, dont HOBBS & SHAW est le spin-off, faisant office de rare concurrent. Pourtant, on ne saurait trouver dialogue plus trompeur et aussi peu adéquat pour qualifier HOBBS & SHAW, blockbuster où, justement, tout apparaît mécanique et dénué de spontanéité. Ici, l’humain n’a finalement que peu sa place tant le film semble décliner sans y réfléchir des rouages narratifs éculés – et éprouvés – sans tenter d’y apporter la moindre personnalité, le moindre mordant ou le moindre sentiment sincère.

Bien sûr, HOBBS & SHAW, comme les autres opus de sa franchise-mère, nous refait le coup de « la famille, bro », et insiste sur les passifs de ses deux héros et les relations compliquées qu’ils entretiennent qui avec leur sœur, qui avec leur frère, qui avec leur(s) mère(s). Mais jamais rien qui ne dépasse le schématique, écrit à la va-vite, comme si les scénaristes prenaient le prétexte du spectacle et de la déconnade pour ne jamais tenter de hisser leur dramaturgie et leurs dialogues au-delà du prévisible et leurs protagonistes hors d’une zone stéréotypique très confortable – mais fatigante. Ainsi, Brixton a beau déclamer de grand discours sur « le devoir de l’Humanité d’évoluer avant de s’autodétruire » – sujet hautement actuel et ouvrant sur des questionnements intéressants –, il demeure un méchant monolithique, dont les motivations sont observées sans profondeur, ni empathie, uniquement à travers un prisme antagoniste et moraliste. HOBBS & SHAW, qui cite ouvertement le phénomène des fake news et fait de son grand méchant (qu’on ne verra jamais) un marionnettiste des médias, ne cherche pourtant jamais à rien creuser et jette juste quelques idées, sans qu’elles n’aient le moindre impact.

Un signe patent de paresse qui se retrouve jusque dans le spectacle – pourtant la raison d’être du film. Peu importe la tendresse assumée, quasi insubmersible, que l’on a pour Dwayne Johnson et Jason Statham, leur alchimie, évidente dans FAST & FURIOUS 8, n’est ici jamais exploitée – la faute à un humour de cour de collège facile, rebattu et, encore une fois, à un manque de rigueur dans l’écriture. HOBBS & SHAW ne tente jamais d’opposer réellement ses stars au-delà de quelques vannes virilistes ni de tirer réellement partie de leurs différences en dehors d’une animosité artificielle, ou encore de construire un ping-pong malin ou nerveux, nécessaire à tout bon buddy movie. « Il faut être deux pour un tango », dit l’adage. Le film a son duo, mais lui refuse de danser. Ne reste donc à Hobbs et à Shaw qu’à assurer le minimum : une succession de moments de bravoure, à l’efficacité variable. Entre avatars numériques ratés, fonds verts baveux et découpage sur-nerveux, comment le spectateur peut-il s’impliquer et croire à des péripéties surhumaines et cartoonesques ? Loin du caractère organique des scènes d’action de MISSION : IMPOSSIBLE et plus encore de leur inventivité, loin de la virtuosité de Michael Bay, HOBBS & SHAW, comme en humour, choisit le passage en force, bruyamment et sans grand style.

De David Leitch. Avec Dwayne Johnson, Jason Statham, Vanessa Kirby, Idris Elba. États-Unis. 2h15. Sortie le 7 août

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