TERMINATOR – DARK FATE : chronique

20-10-2019 - 10:37 - Par

TERMINATOR – DARK FATE : chronique

Moins calamiteux que le nanardesque TERMINATOR GENISYS, ce soft reboot en forme de suite directe à TERMINATOR 2 n’est pas glorieux pour autant.

 

Après TERMINATOR GENISYS, qui tentait de réécrire la saga en la faisant bégayer pour mieux la relancer – en vain –, James Cameron reprend les rênes de la franchise qu’il a créée, 28 ans après l’avoir quittée sur le chef-d’œuvre TERMINATOR 2. De retour aux commandes ou presque : il a co-imaginé l’histoire de ce DARK FATE (avec quatre autres scénaristes) et en assure la production, tandis qu’il en a confié la réalisation à Tim Miller (DEADPOOL). Pour l’occasion, Cameron propose au public d’oublier purement et simplement tous les épisodes qui ont suivi TERMINATOR 2, ce DARK FATE se présentant comme une suite directe des deux premiers volets.

Le pitch ? Le Jugement Dernier a été arrêté par Sarah et John Connor en 1997. Pourtant, vingt-deux ans plus tard, une nouvelle machine arrive du futur pour assassiner une jeune mexicaine, Dani Ramos. Heureusement pour cette dernière, une jeune femme bionique, Grace, a été également envoyée pour la protéger. La route de Dani et Grace va bientôt croiser celle d’une Sarah Connor usée par le temps et l’alcool… Le grand méchant de ce DARK FATE, un Terminator Rev-9 est une entité duale mi-endosquelette, mi-métal liquide, ses deux parties pouvant se désolidariser. Une illustration quasi méta du grand écart que tente DARK FATE entre tradition et modernité, entre son passé (James Cameron) et son futur (la potentielle trilogie initiée ici par une sorte de soft reboot). Pourtant, la greffe ne prend jamais. Car DARK FATE apparaît bien trop ancré dans le pire de son époque, incapable de revêtir les mêmes universalité et intemporalité des deux volets initiaux. Pire, une scène du prégénérique éradique même à la va-vite, sans aucune construction dramaturgique, tout ce que TERMINATOR 2 avait construit. Quelques dizaines de secondes choc et toc qui trivialisent l’héritage de Cameron et le salissent peut-être davantage encore que TERMINATOR 3, RENAISSANCE et GENISYS.

Mû par aucune idée forte mais par les mêmes mécanismes répétés ad nauseam par la franchise depuis quarante ans, DARK FATE se repose sur ce qui l’a précédé sans ne jamais essayer de transcender son leg ou d’y apporter la moindre nouveauté – si ce n’est des élans post-modernes goguenards semblant sortis d’une production Marvel : en 2019, Sarah Connor, au demeurant campée par une excellente Linda Hamilton, balance des vannes. Et si DARK FATE apostrophe l’époque en faisant mention à son contexte politico-migratoire, à la cyberguerre et au tout-surveillance, ces thèmes ne sont que cosmétiques, sans aucune incidence sur la dramaturgie.

Peu aidé par cette écriture sans profondeur, DARK FATE peine même à se rattraper sur le spectacle : découpé et mis en scène sans invention par Tim Miller, handicapé par des effets visuels inégaux, ce TERMINATOR enchaîne des combats et des scènes d’action ne dépareillant jamais avec ce que tout blockbuster actuel lambda peut offrir. Une nature extrêmement standardisée qui l’enterre, tant le film apparaît même incapable de décalquer TERMINATOR 2 avec le même entrain que TERMINATOR 3 ou proposer la moindre image nouvelle comme le faisait RENAISSANCE. Un naufrage ? Pas tout à fait : Arnold Schwarzenegger délivre quelques moments d’une grande mélancolie, échos distants mais touchants de TERMINATOR 2. Surtout, si ce DARK FATE ne s’effondre pas sur lui-même au bout de quelques séquences, il le doit entièrement à Mackenzie Davis, redoutable comédienne qui, dans le rôle de Grace, livre une prestation captivante de bout en bout, dans l’action comme dans l’émotion. Une héroïne comme on en voit peu, campée par une des actrices contemporaines les plus intéressantes. DARK FATE ne mérite ni l’une, ni l’autre.

De Tim Miller. Avec Mackenzie Davis, Linda Hamilton, Arnold Schwarzenegger, Natalia Reyes, Gabriel Luna. États-Unis. 2h16. Sortie le 23 octobre

2Etoiles

 

 

 

 

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