LA REINE DES NEIGES 2 : chronique

19-11-2019 - 17:04 - Par

LA REINE DES NEIGES 2 : chronique

Six ans après LA REINE DE NEIGES, sa suite pousse les potards à 11 et parvient à un équilibre appréciable entre le spectacle et le soin apporté aux personnages.

 

L’immense carton surprise de Disney de 2013, qui ravivait dans une tornade glacée l’animation old school et les chansons entêtantes, se devait bien d’avoir une suite. Mais comment être au niveau d’un succès planétaire ? Mieux encore, comment dépasser ce succès ? LA REINE DES NEIGES 2 prend le pari de pousser tous les curseurs à fond. Et bien que périlleuse, l’entreprise s’avère étonnamment réussie.

Car au fond, Disney a compris la formule : le dessin animé comme expérience collective. Avec l’univers LA REINE DES NEIGES, à la fois plaisir régressif pour les adultes et récit d’apprentissage merveilleux pour les plus petits, tout le monde est servi. Par sa nature de conte, cette suite allie la beauté classique façon Art Total (Broadway rencontre la peinture expressionniste, ça chante, ça danse, tout ça sur fond de tableau vivant à la limite de l’abstraction figurative) à l’acuité d’un récit contemporain, malin par sa façon de jouer avec les attendus, inspirant par son revigorant premier degré et un lyrisme qui ne s’excuse de rien. Comme le premier volet, le film ne prend pas de gant et tabasse constamment le cynisme du spectateur actuel à coup de merveilleux enchanteur, de seconds rôles burlesques et d’émotions sans détour.

Explorant les origines mystérieuses du pouvoir d’Elsa, LA REINE DES NEIGES 2 s’invente comme un film d’aventure intérieur, une balade au cœur des paysages ‘états-d’âme’ d’un quatuor de personnages, une bande de héros mal assortis tous aussi vaillants que névrosés. Si Elsa et Anna ont encore pas mal de choses à régler sur leur relation et leurs passés communs, Kristoff et Olaf gagnent en épaisseur et volent clairement la vedette aux deux sœurs dans des moments chantés qui réussissent à la fois à être très drôles et étonnamment justes et émouvants. C’est peut-être là la plus grande réussite du film. Malgré la surenchère, malgré l’abondance un peu redondante des chansons (bon courage pour vous sortir de la tête l’élégant thème principal minimaliste), la saga n’abandonne pas ses personnages au profit du spectacle. Elle les aime, les valorise, en fait des figures attachantes dont la complexité reste au centre de l’action. Certains reprocheront peut-être à l’intrigue son apparente simplicité. Mais comme dans le premier volet, c’est le chemin parcouru par les personnages, le temps passé avec eux au gré de leurs doutes, leurs bravoures et leurs rires qui fait le cœur réjouissant de la saga. Sur la défensive au départ, on se laisse aller rapidement à la générosité du film, son humanisme malin et son sens délicat du cartoon.

Bien sûr, on pourrait arguer que tout ça sent la machine à cash, que certains personnages ne sont là que pour vendre des jouets, que les chansons cherchent toutes à être des tubes comme ‘Let It Go’… Sûrement. Mais la beauté des contes exige aussi de nous de faire taire un peu, juste un peu, notre cynisme débordant. La beauté de ce cinéma-là tient aussi dans la cure de jouvence qu’offre l’émerveillement procuré par un cheval de glace chevauché par une reine libérée délivrée, comme une amazone inspirée.

De Jennifer Lee & Chris Buck. Avec les voix originales de Kristen Bell, Idina Menzel, Jonathan Groff. Etats-Unis. 1h44. Sortie le 20 novembre

4Etoiles

 

 

 

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.