BAD BOYS FOR LIFE : chronique

21-01-2020 - 09:27 - Par

BAD BOYS FOR LIFE : chronique

Les réalisateurs belges de BLACK et GANGSTA reprennent les rênes de la franchise BAD BOYS avec un certain panache.

 

Véritable serpent de mer, le troisième BAD BOYS s’est fait attendre dix-sept ans : une éternité. Peut-il ressusciter la recette de la franchise – grosse action et grosse comédie – tout en l’ancrant dans le présent voire le futur ? Après le désistement de Michael Bay puis de Joe Carnahan (toujours co-crédité au scénario), les producteurs Jerry Bruckheimer et Will Smith font le pari du sang neuf en signant Adil El Arbi et Bilall Fallah, duo belge connu pour BLACK et GANGSTA – déjà engagés par le premier sur le défunt FLIC DE BEVERLY HILLS 4. La séquence liminaire laisse craindre le pire : les réalisateurs singent maladroitement Michael Bay, le ping-pong verbal entre Will Smith et Martin Lawrence apparaît forcé et l’humour méta, stérile – un plan circulaire qui se termine en eau de boudin. Puis, sans que l’on s’y attende, le film se relève. L’esthétique saturée de El Arbi et Fallah colle à l’univers, leur permettant peu à peu d’imposer leur empreinte et, sans pour autant détoner, de se démarquer de Michael Bay. S’ils n’ont pas la virtuosité insensée de ce dernier, ils prennent tout de même fermement les rênes lors de la première grosse séquence d’action, une fusillade dans un garage aux jolis élans graphiques (ralentis et fumées de couleur) et au découpage clair. Le reste est à l’avenant : en dépit de quelques fonds verts ratés, les cinéastes font preuve d’énergie et d’idées, menant BAD BOYS FOR LIFE vers une sorte d’hybride entre FAST & FURIOUS et MISSION : IMPOSSIBLE. Car ce troisième volet adjoint une équipe au duo. De jeunes personnages fonctionnels, croqués sommairement, mais attachants. Ils injectent un nouveau souffle à la mécanique de la franchise et l’empêchent de sombrer dans le passéisme ou les effusions old school forcées. S’opère alors un certain choc des cultures et des générations, les Bad Boys devant se plier à de nouvelles méthodes ou de nouveaux outils (les drones). En creux, on décèle même une réflexion méta touchante sur l’importance de Smith et Lawrence dans l’espoir d’une société post-raciale (« Ça fait 25 ans qu’on veille sur ces rues et je crois qu’on a fait la différence »). Prenant des routes parfois inattendues, BAD BOYS FOR LIFE dévoile quelques pistes dramaturgiques intéressantes qui rapprochent son cœur émotionnel et thématique de… GEMINI MAN. Naviguant entre fougue et maturité, il ne parvient pas toujours à l’équilibre – sur l’humour, notamment, très inégal – ni à fouiller pleinement sa dramaturgie, mais s’avère suffisamment écrit, soigné et divertissant pour se hisser bien au-dessus de nombre de blockbusters actuels. Une vraie bonne surprise.

De Adil El Arbi & Bilall Fallah. Avec Will Smith, Francis Lawrence, Paola Nuñez. États-Unis. 2h04

 

 

3Etoiles

 

 

 

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.