Cannes 2010 : Premier bilan

17-05-2010 - 18:11 - Par

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A un peu plus du mi-parcours du combattant, il est temps de dresser les premières tendances et impressions de la 63eme édition du Festival, en direct de la Croisette.

Chaque année, lorsque la sélection cannoise tombe, on entend ici ou là les complaintes des collègues. « C’est faible », « on va pas s’éclater », « ça manque d’événements », « quelle déception que Machin ne soit pas retenu ». Et chaque année, ces râles sont plus ou moins démentis par des sélections plutôt solides et pleines de surprises. Eh bien 2010 sera l’exception qui confirme la règle. Oui, cette édition s’affiche pour le moment comme la plus faible que l’on ait connu depuis pas mal d’années.

Non pas que la 63eme édition soit dépourvue de bons films. Au contraire. Entre la passionnée et romantique PRINCESSE DE MONTPENSIER de Bertrand Tavernier, la ravissante TOURNEE de Mathieu Amalric, opus débordant de vie et d’humanité, ou le très fun OUTRAGE de Takeshi Kitano, la compétition nous a offert son lot de bons moments. Mais où sont les grands films ? Ceux dont on sait qu’ils marqueront l’année ? Pour le moment, il n’y en a eu qu’un. ANOTHER YEAR, de Mike Leigh. Quatorze ans après sa Palme pour le déjà sublime SECRETS ET MENSONGES, l’Anglais recueille tous les suffrages. Dans le barème de Screen Daily, qui comptabilise les notes des journalistes internationaux, il domine largement les débats, avec une moyenne de 3,4 étoiles sur 4. Son dauphin, LA PRINCESSE DE MONTPENSIER, plafonne à 2,3… Un seul grand film en compétition, passe encore. Mais que font ici THE HOUSEMAID, lourdingue opus sud-coréen aussi ridicule que longuet ? Ou BIUTIFUL, chronique misérabiliste du peu finaud Alejandro Gonzalez Inarritu ?

Surtout quand Un Certain Regard affiche des opus aussi réussis, personnels et envoûtants que R U THERE ou CARANCHO. Le premier, avec sa choupinette romance platonique, nous a littéralement transportés vers une bulle de tendresse poétique et de détente. Tandis que le second, applaudi avec sincérité par la présidente du jury de la section, Claire Denis (assise à nos côtés), n’aurait pas dépareillé en compétition. L’Argentin Pablo Trapero (en compét’ en 2008 avec le très bon LEONERA), use d’une toile de fond inédite (les accidents de la route) pour tisser une histoire d’amour passionnelle et un thriller social aussi prenant qu’esthétiquement splendide.

Alors on pourrait continuer à râler. Dire que même les événements glamour hors compétition, WALL STREET 2 et YOU WILL MEET A TALL DARK STRANGER, n’ont pas convaincu. Que l’organisation continue de tousser quand il s’agit d’organiser les files d’attente et les privilèges de certains journalistes sur d’autres. Ou que la météo était vraiment minable pendant cinq jours. Mais non, on s’arrêtera là. Car les prochains jours sont gorgés d’attente entre CARLOS d’Assayas, DES HOMMES ET DES DIEUX de Beauvois, ROUTE IRISH de Ken Loach, ou encore BLUE VALENTINE de Derek Cianfrance et REBECCA H. de Lodge Kerrigan. Mais on s’arrêtera surtout là car aujourd’hui nous avons ri. A gorge déployée même, devant TAMARA DREWE de Stephen Frears. Une bombe de comédie aussi légère que maligne. Et bon sang que ça fait du bien.

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