Toy Story 3 : chronique

14-07-2010 - 11:44 - Par

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Les mecs de Pixar trébucheront-ils un jour ? Chaque année, c’est la même rengaine, et l’on ne s’en plaindra pas. Le meilleur film du premier semestre 2010, il est là.

Onze ans qu’ils n’avaient pas foulé les écrans. Une éternité dans une industrie si propice à oublier ses stars et les remplacer avec de nouveaux phénomènes artistiques ou commerciaux. Onze ans durant lesquels Nemo, Ratatouille ou Wall-E ont pris leur place et perpétué la puissance de feu de Pixar. Fini de rire, Woody, Buzz et tous leurs potes sont enfin de retour. Disney avait bien failli les souiller en lançant un troisième opus sans Pixar, avant que John Lasseter n’annule la chose et rapatrie son bébé sous son aile lors de sa nomination au poste de chef créatif de l’animation chez Mickey en 2006. Alors, malgré les années qui passent et les autres incroyables réussites de Pixar, que reste-t-il de nos amours passées ? La même énergie, la même audace, du rire, beaucoup de rires. Et des larmes.

TS3CritiquePosterLee Unkrich, responsable de ce troisième opus n’est pas un débutant. Ni un branquignol. Déjà co-réalisateur de TOY STORY 2, MONSTRES ET COMPAGNIE et LE MONDE DE NEMO, il a à son actif trois des plus grands films de ces onze dernières années. Mais quand même. La pression de reprendre à son compte la nouvelle aventure de Buzz et Woody lui a foutu des nausées matinales pendant les quatre ans de production (véridique). On le comprend. Mais Unkrich pouvait faire confiance à ce qui a toujours fait la force du studio : l’écriture. Un scénario confectionné avec soin, réfléchi, qui complète à merveille la trilogie, avec justesse et logique. Andy a désormais 17 ans, s’apprête à partir pour l’université, et inévitablement, se demande ce qu’il doit faire de ses vieux jouets. S’en débarrasser ? Les mettre au grenier ? Suite à un concours de circonstances, Woody and co se retrouvent relégués dans une garderie mais vont tout faire pour retrouver leur propriétaire. Le passage à l’âge adulte, voilà de quoi Pixar a décidé de nous parler cette fois. Vous parlez d’une poilade pour enfants.

Et pourtant, toutes les caractéristiques des deux premiers volets sont là : dès l’incroyable scène d’ouverture, véritable festival d’inventivité, Lee Unkrich prouve que Pixar se fait une nouvelle fois plaisir. Lancé à toute vitesse, TOY STORY 3 ne baissera jamais de rythme. Les péripéties s’enchaînent à toute vitesse, comme autant d’aventures dignes des classiques de l’âge d’or hollywoodien. Une idée à la minute, des gags redoutables d’efficacité (surtout, ne les dévoilons pas), une folie douce incessante dans les situations, une noirceur assumée légèrement flippante, et cet art de donner corps à des personnages improbables en quelques secondes. Exemple ? Ken. Véritable moteur comique du film, le mec de Barbie (excellemment bien doublé par Benoît Magimel) fait le show en idiot superficiel, parfait contrepoint de sa dulcinée, cerveau inattendu du couple.

TS2CritiquePicMais TOY STORY 3 ne serait pas un grand film s’il n’avait pour lui que les qualités de ses deux aînés. On ne veut pas le croire, on ne veut pas s’y résoudre, mais oui, durant tout le film, impossible de ne pas comprendre qu’il s’agit là des dernières aventures de Woody et Buzz. Ce voyage vers l’inéluctable, collant parfaitement au thème du passage à l’âge adulte, Lee Unkrich le négocie avec brio, distillant sans mièvrerie des valeurs simples mais sincères : amitié, abnégation et solidarité. Surtout dans les coups durs. Jusqu’à ces dernières vingt minutes, qui recèlent certains des moments de cinéma les plus prodigieux de ces dernières années. TOY STORY 3 nous confronte alors à des émotions primales, très personnelles, solidement ancrées en chacun de nous, sans putasserie. On avouera sans honte avoir versé à plusieurs reprises des larmes lourdes. Mais belles. Car même si l’on quitte là des amis de quinze ans, TOY STORY 3 nous reconnecte une dernière fois avec ce que nous avons de plus cher. Quelque chose que personne ne nous enlèvera jamais. Notre enfance, dans tout ce qu’elle a de plus pure, innocente. Et indélébile.

Toy Story 3, de Lee Unkrich. USA. 1h40. Avec les voix anglaises de Tom Hanks, Tim Allen, et les voix françaises de Jean-Philippe Puymartin, Richard Darbois, Benoît Magimel. Sortie le 14 juillet 2010.

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