La disparition d’Alice Creed : chronique

29-06-2010 - 14:44 - Par

AliceCreedChroniqueBandeau

Deux garçons, une fille, un enlèvement, des dizaines de possibilités. C’est la partition efficace bien que déjà vue jouée par le premier film du scénariste de THE DESCENT 2.

Alors que PRINCE OF PERSIA et LE CHOC DES TITANS attendaient tranquillement en post-prod et qu’elle n’était pas encore une vedette courtisée pour tous les blockbusters en manque de charme mutin, Gemma Arterton tournait donc LA DISPARITION D’ALICE CREED, petit budget anglais filmé rapidement et en mode guérilla. Ou comment deux prolos décident de kidnapper une jeune fille, demander une rançon et devenir riche. Sauf que rien ne tourne évidemment comme prévu et que manipulation, prises de pouvoir et attrait sexuel vont jouer à plein pour foutre un joyeux bordel.

AliceCreedPosterDit comme ça, LA DISPARITION D’ALICE CREED ne semble pas briller par son originalité. Et c’est le cas. Passées les premières minutes, qui montrent les deux kidnappeurs préparer minutieusement leur forfait, brutes, nerveuses et montées à la serpe, une sorte de schéma bien huilé se met en place, révélant peu de surprises réelles. Les trois protagonistes, tout d’abord bien campés dans des rôles très définis semblant indéboulonnables (le cerveau, le bras droit, la victime), voient leur archétype se fissurer pour laisser apparaître des failles et des motivations plus complexes que prévues. Ce voile de fumée, on le perce assez facilement, J. Blakeson (dont il s’agit du premier film) ne parvenant à insuffler suffisamment d’ambiguïté dans les stéréotypes qu’il souhaite détruire. Pourtant, cette DISPARITION D’ALICE CREED se suit sans déplaisir, sans ennui, en dépit de ces enjeux plutôt clairs et de ces rebondissements convenus (mais pas cousus de fil blanc pour autant).

Une efficacité en grande partie due à Gemma Arterton, dont on ne cessera de louer le charme, qui livre ici une performance d’une belle intensité, à la puissance dévastatrice. Tenant la dragée haute au toujours formidable Eddie Marsan (HANCOCK, BE HAPPY), qui trimballe encore sa gueule flippante avec brio, et au p’tit jeune Martin Compston (SWEET SIXTEEN), Arterton donne de sa personne : la caméra de Blakeson la filme avec une impudeur rare (nue, en train d’uriner sur un pot etc) rendant la captivité de son personnage difficile à supporter, et des stigmates d’un tournage rock’n roll apparaissent clairement sur son visage (des traces profondes de bâillon, ne pouvant passer pour du maquillage). Si le physique assez hors mode de la jeune femme (les formes et les kilos en trop ne lui posent pas de problèmes, et tant mieux) lui a permis de camper des femmes aussi fortes que mutines, elle va ici encore plus loin et décuple sa force de jeu, au fil du métrage. C’est ainsi dans son dernier quart d’heure que LA DISPARITION D’ALICE CREED révèle tout son intérêt : assister à la prise de pouvoir d’une femme sur sa vie, en dépit de tout ce que le monde souhaite faire d’elle, ou de tout ce qu’elle a pu penser d’elle-même auparavant. Une fin puissante, qui permet au film de faire oublier ses défauts, et de définitivement asseoir Arterton comme une comédienne à suivre, et à contempler de nouveau dans deux semaines dans le formidable TAMARA DREWE.

La Disparition d’Alice Creed, de J. Blakeson. Angleterre. Avec Gemma Arterton, Martin Compston, Eddie Marsan. Sortie le 30 juin 2010.

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