Tamara Drewe : chronique

14-07-2010 - 12:45 - Par

TamaraBandeau

Plus grosse poilade du dernier Festival de Cannes, le nouvel opus de Stephen Frears se dévoile enfin au public. De quoi se rafraîchir de la chaleur ambiante.

Tamara, journaliste dans la presse people, aimerait devenir célèbre et écrire un livre. Elle retourne dans son petit village natal, où réside une communauté d’écrivains menée par Beth et son mari Nicholas, auteur de best-sellers. Son retour va semer le trouble et la concupiscence chez tous les hommes. Vous l’aurez compris : TAMARA DREWE joue sur le mode « mineur » du marivaudage, et abat ses cartes avec un brio à première vue inoffensif, qui en dit pourtant long sur le couple, la société de consommation et l’emprise incessante de l’image ou de la célébrité. Du Woody Allen comme Woody Allen ne sait plus en faire.

TamaraPosterStephen Frears est un mec bien. Ces dix dernières années, il nous a offert HIGH FIDELITY, THE QUEEN, et l’incroyable téléfilm THE DEAL. Autant dire que 1/certains réalisateurs aimeraient avoir un tiers de ce line up, 2/on lui pardonne ses errances (CHERI, entre autres), et 3/nous sommes ravis de le voir revenir en forme olympique avec TAMARA DREWE. Derrière ce titre se cache l’adaptation de la BD éponyme de Posy Simmonds, qui, après avoir adapté à sa sauce sarcastico-sociologico-londonienne le « Madame Bovary » de Flaubert dans « Gemma Bovery », rééditait en s’emparant du « Loin de la foule déchaînée » de Thomas Hardy.

En s’intéressant à une ferme anglaise accueillant toutes sortes d’écrivains en pleine lose, dont le quotidien va être bouleversé par le retour au village de Tamara Drewe, petite allumeuse au sourire dévastateur, Frears signe là l’un des films les plus frais et franchement poilant depuis… ben depuis VERY BAD TRIP, osons le dire. Avec un humour so british à tomber, faits de vannes délicieusement cool et pince-sans-rire, de références coolissimes (SPINAL TAP), de gags visuels ridicules (un solo de batterie, la baguette coincée entre deux orteils), d’ironie sociétale piquante et de personnages aussi attachants que grotesques, TAMARA DREWE explore tout le spectre de la comédie. Du subtil au franchement gras. Mais pas que. Baignant la comédie dans une couche de drame, le film explore avec un talent perdu par Woody Allen les marivaudages, infidélités, désirs réprimés et autres obstacles existentiels jalonnant la vie de couple. Une richesse faisant oublier sans peine quelques fautes de goût (des split screen peu heureux) et la baisse de rythme plombant le dernier quart d’heure.

TamaraPicFrears se saisit de l’occasion pour porter un regard souvent acéré sur nos sociétés (l’emprise de la célébrité ou de l’apparence notamment), mais TAMARA DREWE repose avant tout sur le plaisir instantané qu’il procure, véhiculé  par des performances d’acteurs incroyables. Gemma Arterton prouve qu’elle n’est plus un espoir mais une star. Oui, une star. Et Dominic Cooper, en « rock hero » débile et concupiscent parvient à enterrer Russel Brand qui campait peu ou prou le même rôle dans SANS SARAH RIEN NE VA. Mais n’oublions pas une mention spéciale à Jessica Barden, 17 piges au compteur, qui, en ado prolo au langage fleuri, livre une prestation délirante.

Tamara Drewe, de Stephen Frears, USA/Angleterre. Avec Gemma Arterton, Dominic Cooper, Tamsin Greig. 1h49. Sortie le 14 juillet 2010

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