Le Dernier Maître de l’Air : chronique

06-07-2010 - 16:43 - Par

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Après LA JEUNE FILLE DE L’EAU et PHÉNOMÈNES, on espérait sincèrement que M. Night Shyamalan reviendrait en forme avec son kung-fu movie pour enfants. Raté.

Et l’on pourrait même dire, raté dans les grandes largeurs, malheureusement. Pourtant, le cinéaste d’INCASSABLE avait entre les mains un matériau en or : la série animée phénomène AVATAR, et une histoire au fort potentiel merveilleux tendance badass. Dans un monde imaginaire, le monde se divise en quatre nations maîtrisant leurs éléments respectifs : Eau, Air, Terre, Feu. Cette dernière a déclaré la guerre aux autres, après la disparition de l’Avatar, sorte de Dalaï Lama, seul être capable de maîtriser tous les éléments, communiquer avec le monde spirituel et ainsi assurer l’équilibre et la paix. Mais cent ans après sa mystérieuse disparition, l’Avatar, prénommé Aang et issu de la nation de l’Air, dont il est le dernier représentant, refait surface, découvert congelé dans la glace par deux adolescents de la nation de l’Eau.

AirbenderChroniquePosterLorsque nous avons découvert les bandes-annonces du DERNIER MAÎTRE DE L’AIR, nous étions sûrs d’avoir là un potentiel énorme blockbuster de l’été, un pur entertainer pas con, au récit engageant, brassant des thèmes new age dignes de STAR WARS (l’équilibre des éléments/de la Force) ou écolo que ne renierait pas James Cameron (tout, dans la nature, est lié et doit vivre en harmonie). Sans compter le kung-fu. Sauf que M. Night Shyamalan livre ici son plus mauvais film, une adaptation totalement à côté de la plaque, rappelant, en pire, le naufrage de LA BOUSSOLE D’OR. C’est dire si la déception s’avère grande et douloureuse.

Alors, la faute à qui, à quoi ? Tout d’abord à un scénario mal écrit, multipliant les erreurs de débutant et prenant son public enfantin pour des idiots : on ne compte pas le nombre de fois où les personnages racontent des événements, plombant le rythme, avant que Shyamalan, visiblement adepte de la redite, ne décide de montrer les dits événements, trente minutes plus tard, en flashback. Un bégaiement narratif qui démontre douloureusement les lacunes d’un scénario manquant cruellement de moments de bravoure, d’un prologue tonitruant pouvant présenter les personnages et les enjeux, ou de héros incarnés. Mis à part Aang, son antagoniste Zuko ou l’oncle de celui-ci, Iroh, la plupart des protagonistes ne sont que des coquilles vides, sans âme, campées par des acteurs d’une fadeur digne d’un pub pour céréales (la palme à Jackson Rathbone, vu dans la saga TWILIGHT…) et débitant des dialogues croquignolets.

AirbenderChroniquePicMais pire que ce récit possédant tous les défauts des premiers épisodes d’une trilogie dont on bâcle le début pour tout lâcher dans les suites éventuelles, la réalisation de M. Night Shyamalan s’avère être le véritable maillon faible. Réal’ d’actioners, c’est un métier, un vrai. Shyamalan, lui, malgré des parti-pris extrêmement réjouissants (filmer les combats en plans séquences ou en plans larges), semble avoir oublié les bases de la mise en scène. Plusieurs scènes multiplient les plans identiques, manquent d’inserts ou de plans de coupe pour le dynamisme, et pire, Shyamalan, quand il parvient enfin à faire monter la tension et l’émotion, coupe sans vergogne pour des pans de récit parallèle mous et/ou inutiles. Ne parlons même pas de la 3D, désastreuse (enlevez vos lunettes, aucune différence) ne faisant que ternir la palette des couleurs et l’esthétique du film.

Malgré cette débâcle, tout le potentiel du DERNIER MAÎTRE DE L’AIR parvient à émerger. Et c’est là le quasi-miracle du film. Certains moments parviennent ainsi à filer les poils (la vague géante de la scène finale), d’autres nous laissent bouche bée par leur lyrisme et leur coolitude (un combat au ralenti et en plan séquence entre Aang et un allié masqué contre des dizaines de soldats du Feu). Le tout saupoudré d’une petite touche de magie enfantine charmante (le Bison Volant d’Aang, entre Falkor de L’HISTOIRE SANS FIN et le Carroll de MAX ET LES MAXIMONSTRES), de bande originale enchanteresse et d’effets spéciaux parfaits de bout en bout. Mais ces purs moments de grâce, au lieu de suffire à notre plaisir, ne font qu’accroître notre frustration devant tout ce gâchis.

Le Dernier Maître de l’Air, de M. Night Shyamalan. USA. 1h43. Avec Noah Ringer, Dev Patel, Nicola Peltz, Jackson Rathbone, Shaun Toub, Cliff Curtis. Sortie le 28 juillet 2010.

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