Le Drôle de Noël de Scrooge : chronique

22-11-2009 - 09:15 - Par

ScroogeBandeau

Le dernier Zemeckis use de performance capture et de 3D pour ressusciter l’un des contes les plus connus de Dickens : la technologie va-t-elle sauver le film de Noël ?

Avant le prosélytisme de Jeffrey Katzenberg ou James Cameron, il y avait Robert Zemeckis. Voilà cinq ans qu’il s’est lancé le défi de faire régner les procédés de la performance capture et de la 3D. Précurseur parmi les précurseurs, Zemeckis pourrait difficilement être traité d’opportuniste. Avec LE PÔLE EXPRESS et BEOWULF (sortis en 3D dans des circuits limités faute d’équipement des salles) il a été le premier à croire au salut par la technologie. Non pas comme vulgaire moyen de prévenir le piratage, mais comme véritable outil de sa libération artistique : «Elle me permet de me concentrer d’abord sur la magie que m’offrent les acteurs en jouant», libérés du jour de la lumière et des décors qu’ils sont. Cool, mais cela suffit-il à faire un bon film ?

ScroogePosterNous voilà donc fin 19ème, à Londres, où l’on rencontre un vieil avare irascible, Ebenezer Scrooge. Détestant Noël et son cortège de guimauve, il est, ce réveillon, visité par les Esprits des Noëls passé, présent et futur. Et ce que Scrooge va voir, va le transformer à jamais. Dès les premiers instants du film, la performance capture impressionne. Les expressions de Jim Carrey, les détails des visages, la profondeur des décors : Zemeckis frappe fort, et d’autres pans du film ne feront qu’enfoncer le clou, dont la modélisation parfaite de textures aussi délicates que le feu et les ombres. Malgré quelques dérapages où le rendu apparaît trop lisse (les visages de Bob Hoskins ou Colin Firth), SCROOGE est une nette avancée technique, faisant du film d’animation un hybride entre dessin et réalité. Dommage que la 3D ne parvienne toujours pas à convaincre. Quand LÀ-HAUT, seul film en 3D bluffant à ce jour, n’utilisait le relief que pour accroître la profondeur de champ et donner un terrain de jeu palpable aux personnages, SCROOGE sombre dans tout ce qu’il y a de plus irritant dans le procédé : jet d’objet vers le public, caméra subjective épileptique etc. Bonjour la migraine… Heureusement, SCROOGE se rattrape narrativement. Depuis LE PÔLE EXPRESS et BEOWULF, le talent du génial papa de Marty McFly et Roger Rabbit apparaissait ampoulé, comme si la technologie n’avait libéré que son travail en plateau et remisé au placard toute considération pour ce qui est au cœur du cinéma de divertissement : le récit. Que l’on goûte ou pas au propos de Dickens, la narration est ici fluide,ScroogePicengageante, et répond à toutes les exigences du cahier des charges d’un film de Noël. Conteur hors pair, Zemeckis, bien qu’il signe LE gros film de fin d’année, n’en oublie pas la cruauté ironique qui sous-tend au manichéisme et à la mièvrerie du propos. D’autant que Jim Carrey, interprète de Scrooge et des Trois Esprits, joue parfaitement sur tous les tableaux : tendresse, méchanceté, folie… Malgré quelques défauts, SCROOGE est donc un net progrès par rapport aux deux précédents opus de Zemeckis, et l’on attend du coup avec plus d’impatience ses prochains projets : un remake de YELLOW SUBMARINE, une adaptation de CASSE NOISETTE, et une suite de ROGER RABBIT, dont les personnages humains devraient être filmés en performance capture et les toons en animation 2D traditionnelle.

Le Drôle de Noël de Scrooge, de Robert Zemeckis. Avec Jim Carrey, Gary Oldman, Colin Firth. 1h40. Sortie le 25 novembre.

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