Variety attaqué en justice par des producteurs

11-03-2010 - 17:00 - Par

BANDEAUVARIETY

Au centre du conflit, une mauvaise critique du film IRON CROSS et 400.000$ dépensés en pages de publicité.


Si un distributeur (ou une production) achète une page de pub dans un magazine mais que ce dernier publie une critique mitigée (ou pire) du film promu dans ses colonnes, oui, le canard a de grandes chances de se faire blacklister ensuite. Tout dépend bien sûr de l’influence et de la popularité dudit magazine. Aux USA, par exemple, Variety, outil professionnel sans égal dans le monde, est incontournable et réputé inattaquable.

PICIRONCROSSLes producteurs du film IRON CROSS, dernier film policier qu’ait tourné l’acteur Roy Scheider, n’ont pas mis Variety sur leur liste noire, non. Ils l’ont carrément attaqué en justice.
Le magazine a publié une critique assassine du film en décembre dernier. Pourtant, sa régie publicitaire serait parvenue à vendre au préalable pour 400.000 dollars d’espace publicitaire à l’équipe du film, pour une campagne visant à attirer l’attention de l’Académie des Oscars sur ce long-métrage ultra-indépendant et celle de potentiels distributeurs. Une campagne qui avait commencé à porter ses fruits.

Les producteurs de Calibra Pictures accusent l’équipe commerciale de Variety d’avoir débité un argumentaire imparable sur les chances d’IRON CROSS aux Oscars (notamment pour une nomination posthume pour Scheider) avant même d’avoir vu le film, pour ensuite imprimer la chronique du journaliste Robert Koehler « qui a miné voire détruit les chances du film aux Academy Awards ». Calibra attaque donc Variety pour « dommages financiers et ruptures de contrat de partenariat, négligence et pratiques commerciales tendancieuses » et demande à la cour que le média n’ait plus le droit de s’exprimer à l’avenir sur IRON CROSS.
Il y a quelques jours, Variety avait supprimé la critique de son site internet et de son édition hebdomadaire, ce qui avait valu les railleries de certains journalistes persuadés que « l’argent avait acheté le silence de la publication ». La raison était moins évidente : Variety tentait de calmer les menaces de procès, mais les producteurs ont estimé « que le mal était déjà fait ». Variety l’aurait donc réintégrée par la suite (elle est visible pour les abonnés).

Entre soupçons d’extortion et naïveté flagrante d’une équipe de producteurs, l’histoire devrait laisser des traces. Si la justice donnait raison à Calibra, alors c’est toute la liberté éditoriale de Variety qui serait remise en question, une position très inconfortable visant à modérer les critiques des films promus dans leurs pages. Quant à la jurisprudence…

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