Le Choc des Titans : chronique

02-04-2010 - 13:07 - Par

BANDEAUCLASH

Presque 30 ans après, fallait-il lâcher le Kraken une deuxième fois ? Sans doute. C’est juste la manière qui nous rend plus sceptique.

Merci Warner (et nous le pensons) de nous avoir montré le film en 2D ; considéré le rush démentiel dans lequel le studio a converti LE CHOC DES TITANS en 3D, on ne voulait pas voir le résultat. D’ailleurs, la plupart des très mauvaises critiques le concernant outre-Manche ou outre-Atlantique concerne essentiellement la pauvreté du relief. Nous sommes donc très soulagés de ne pas avoir à soulever cet épineux problème de la course à l’argent.


POSTERCLASHIl n’y a pas non plus à discuter l’envie des majors à remaker à tour de bras, persuadées que l’avancée technologique dont bénéficient les SFX aujourd’hui justifie en elle-même la nécessité de refaire un film. Devant LE CHOC DES TITANS, combat du demi-Dieu Persée, protecteur des Hommes, contre les Dieux tyraniques (et plus particulièrement Hadès, maître des enfers), on est même plutôt très content que Warner l’ait décidé : c’est un film énorme, démesuré de bout en bout qui vous plonge dans la mythologie avec ambition.

Reste que le problème de l’ambition du CHOC DES TITANS, c’est qu’elle est choisie. Visuellement très inégal, il arbore selon le vent ou le temps de post-prod peut-être, des images disgracieuses, sacrifiées sur l’autel du tout-numérique. C’est d’autant plus frustrant (et flagrant et décevant) de voir Medusa créée synthétiquement lorsque d’autres monstres mythologiques, au design parfait, sont filmés dans un photoréalisme très efficace. Tout comme il est profondément rageant d’admirer de superbes décors naturels quand Leterrier peut aussi bien nous planter là, entre quatre planches de décor carton-pâte. Tout aussi énervant, le jeu rigide de Ralph Fiennes, ou le regard intense et forcé de Liam Neeson quand Mads Mikkelsen, Nicholas Hoult ou Gemma Arterton parviennent à donner de la chair à cette épopée fantastique. On vous épargne notre opinion sur les scènes où Persée chevauche Pégase dans le ciel… sur fond vert.

PICCLASHMais souvent LE CHOC DES TITANS se fait très solide. D’autant plus solide qu’il repose sur une épopée fluide faite d’étapes très claires, de personnages forts et bien exposés. Ne jamais sous-estimer le pouvoir de la simplicité (à ne pas confondre avec le simplisme), car c’est l’apanage des grands récits. Surtout quand on parle d’art populaire. C’est sa linéarité visant à éclaircir la complexité de ce pan spécifique de la mythologie, – volonté assez jouissive – , qui lui confère cette aura de pur entertainer, très puissant et très ample dans sa mise en scène. L’impression qu’on en garde n’excuse pas ses lacunes, et il n’y a bien que techniquement (encore heureux) qu’il surpasse son modèle de 1981. Mais malgré tous ses défauts, le spectaculaire CHOC DES TITANS déborde d’une énergie brute, et c’est peut-être trivial, mais ça peut aussi suffire.

Le Choc des Titans, de Louis Leterrier, USA/GB. Avec Sam Worthington, Mads Mikkelsen. 1h40. Sortie le 7 avril

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