Cannes 2010 : Chatroom / Critique

14-05-2010 - 18:15 - Par

ChatroomBandeau

De Hideo Nakata. Sélection officielle, Un Certain Regard.

Synopsis officiel : William, 17 ans, solitaire, passe son temps sur internet et ouvre un forum de discussion pour les adolescents de sa ville. Rejoints par Eva, Emily, Mo et Jim, tous vident leurs sacs sur leurs parents, leurs soi‐disant amis, leurs émois, leurs traumatismes. William, très à l’écoute, les conseille et les incite à s’affranchir de leurs problèmes par l’action… Aucun d’eux ne sait que dans la vie réelle William est un adolescent perturbé, et qu’il est déterminé à influencer le groupe sur son Chatroom « à la vie ‐à la mort ».

Après l’expérience américaine THE RING 2, Hideo Nakata, cinéaste japonais nous ayant bien foutu les chocottes avec RING et DARK WATER, se délocalise à nouveau, en Angleterre cette fois. Et autre première, ce n’est pas pour un film d’épouvante cracra à base de spectres chevelus et autres pourritures du folklore nippon, mais pour un thriller psychologique tout ce qu’il y a plus réaliste sur une bande d’ados manipulés par un autre dans un tchat internet.

Dit comme ça, CHATROOM fait envie. Alors qu’au final, le nouveau Nakata s’approche plus d’un mix du « Club des Cinq déjoue Internet » et d’un épisode de « Gossip Girl » sur le suicide qu’un sommet de tension. Pourtant, CHATROOM n’est pas totalement dénué de bons moments (une confession émouvante d’un des ados sur le départ de son père) ou d’idées, visuelles notamment. Car quoi de moins cinématographique que des gamins derrière un écran ? Pas grand-chose. Nakata déjoue ce problème en dédoublant la réalité : les séances de tchat se déroulent dans une pièce fictive, faisant figure de réification allégorique du web. Une bonne idée, utilisée à bon escient dans la direction des acteurs : dans cette fausse réalité, les personnages adoptent un comportement bien plus épanoui, frondeur et affirmé que dans leur « vraie vie ».

Malheureusement, c’est bien l’une des rares choses remarquables du film, qui, non content de créer des personnages secondaires n’ayant d’autre but narratif que d’être des fusibles dans le plan du « héros », n’apporte aucune réflexion neuve sur l’aliénation technologique. Pour ça, plutôt se regarder le terrifiant KAIRO de Kiyoshi Kurosawa, qui, voilà maintenant neuf ans, se payait le luxe d’être plus moderne que ce CHATROOM. A l’heure des réseaux sociaux, le film de Nakata apparaît déjà daté avant même d’être sorti. Beaucoup de griefs pour un long-métrage bien en deçà du talent de son metteur en scène, que l’on prie de revenir très rapidement aux pourritures du folklore nippon.

Chatroom, de Hideo Nakata, USA. Avec Aaron Johnson, Imogen Poots, Matthew Beard. 1h37. Sortie le 11 août 2010

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