Preview : Sherlock Holmes. Super-enquête, super-crimes et super-botanique.

24-11-2009 - 12:31 - Par

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Guy Ritchie brûle les vestiges du monument culturel Sherlock Holmes et fait renaître un nouveau héros de ses cendres : SHERLOCK HOLMES version Robert Downey Jr. Une résurrection à base de magie noire, de kung fu et d’explosions. Super, vous avez dit super ?


SH2«Vous n’êtes pas sans savoir qu’un film a de plus grandes chances de se produire et de cartonner s’il s’appuie sur une marque. Un gros titre alléchant. Et ça c’est du titre, SHERLOCK HOLMES. Il est populaire depuis plus de 100 ans. Tout le monde sait qu’il est le plus grand détective qui existe. Les gens ne connaissent peut-être pas les détails, ils l’ont sûrement vu à la télé sans avoir jamais ouvert un livre, mais tout le monde connaît Sherlock.» Voilà ce que dit Lionel Wigram, l’Homme qui a initié le «reboot» pour la grande maison Warner Bros de Sherlock Holmes, icône anglaise de la littérature. C’est même le premier film qu’il a mis en branle lorsqu’il est monté en grade dans la major. N’y voyez pas de cynisme, pour lui, Sherlock Holmes est une vraie passion et ce qui aurait pu être un délire de producteur (Un film Sherlock de nos jours ? Franchement ?) ne pouvait pas mieux concorder avec la tendance hollywoodienne du moment : dénicher du vieux, dépoussiérer, réadapter, produire en grand, livraison en moins de deux ans. «Depuis ma plus tendre enfance, je suis fan de Holmes. J’ai toujours senti, quand je lisais les romans et les nouvelles, que ce que je m’imaginais de lui n’avait rien à voir avec ce qui avait déjà été fait sur pellicule. Pour moi, il était plus bohème, plus moderne. Il peut autant passer deux semaines sur un canapé entre deux affaires, que chercher des noises dans les quartiers mal famés juste pour se soulager. C’est un homme d’action, un paria qui fait les choses comme il l’entend.» Sherlock Holmes, version troisième millénaire, n’a rien du bon vieux quadra rigide et cérébral présenté dans la série de films des années 40 avec Basil Rathbone. Eux, étaient très infidèles à ce que Sir Conan Doyle avait écrit à la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui, le détective retrouve son sens de l’humour, sa corne aux poings et sa cane fatale. Et c’est Guy Ritchie, dont les SNATCH, ARNAQUES, CRIMES ET BOTANIQUE et ROCK’N ROLLA marquent encore aujourd’hui le cinéma des bastons les plus violemment cocasses, qui va s’en charger. Élémentaire.

SH3La revanche

Warner et Guy Ritchie, ça pourrait paraître étonnant. L’année dernière à la même période, la major «distribuait» ROCK’NROLLA sur le territoire américain, sans grand enthousiasme. Plusieurs mois après, Joel Silver, producteur du film, a la rancune tenace contre le studio avec qui il travaille pourtant en priorité (SPEED RACER, NINJA ASSASSIN…) : «Warner n’a pas soutenu le film autant que je l’aurais espéré. Ils ont trouvé ça «dur à marketer».» Il s’avère que Guy Ritchie, lui, prétend à une carrière plus importante que celle que lui promettent ses films de bastons hooligans. Ébranlé par un divorce surmédiatisé de Madonna et pas du tout bankable aux USA, Guy Ritchie, dont la déception n’a jamais entamé l’ambition, se place vite sur le projet SHERLOCK HOLMES, un gros budget et, le mot est dit, une marque rentable comme la garantie d’une hype qui décolle ; il l’a même avoué au magazine Entertainment Weekly : «J’ai passé trop de temps à tourner des films obscurs… Je n’ai jamais eu ma place dans le cinéma populaire mais SHERLOCK va me rendre accessible». Échange de bons procédés, lui, l’Anglais à l’humour dévastateur, au penchant pour le Londres abîmé des misfits, et à la réalisation pêchue, garantit à SHERLOCK HOLMES de ne pas perdre son identité. En revanche à l’écran, il peut oublier les Gerard Butler, Tom Hardy, Vinnie Jones ou Jason Statham qui ont fait sa gloire à la sueur de leurs muscles. Warner veut du lourd, de la superstar. Pas du culte, ni de l’indie ou du typically british. Elle veut Robert Downey Jr, Tony Stark lui-même.

SH5Blockbuster 30’

«C’est là qu’ils sont venus me voir», explique Joel Silver, «pour me demander si je pouvais avoir Robert. Alors on s’est tous rassemblé et exposé nos plans, on a convaincu chacune des deux parties que l’idée était merveilleuse. Et on a fait en sorte que ça marche.» Le coup de pouce vaut au mogul de devenir le producteur de SHERLOCK HOLMES. Le projet à peine confirmé par Guy Ritchie au début de l’été 2008, Warner annonce un début de tournage en octobre. De cette collaboration quadripartite, doit émerger au plus vite un blockbuster chiadé, lucratif, car on n’a pas de temps : Downey Jr n’a qu’un petit créneau avant d’enfiler pour la deuxième fois le costume de IRON MAN sous la direction de Jon Favreau. «C’était le moment où les films se font ou pas. Les films sont comme les fruits, s’ils restent trop longtemps sur une étagère, ils ne seront jamais consommés. On avait pas le temps de sur-réfléchir à SHERLOCK HOLMES : ce n’est pas un projet compliqué, c’est cher mais pas inabordable.» Joel Silver prend les commandes. D’un œil, il surveille avec bienveillance son poulain Robert Downey Jr qu’il avait sorti du néant artistique dans laquelle la dépendance à diverses substances l’avait plongé fin 90. De l’autre œil, il s’assure qu’aucune mésaventure ne vienne plus décevoir Guy Ritchie et prend lui-même les rênes de la communication : l’ex-monsieur Madonna, cible des tabloïds depuis des années, conserve ainsi son énergie pour le travail. Et parce que Silver et Warner aiment le bling, ils travaillent la vitrine : si Robert Downey Jr. assure à lui seul le spectacle, s’ajoutent au casting Rachel McAdams dans le rôle de la donzelle et Jude Law, people devant l’éternel, dans celui du Dr Watson. Autant dire, un casting au sourire étincelant, inattendu, comme un vent de fraîcheur sur un mythe de 100 ans d’âge. Mais Robert Downey Jr. nous explique que Joel Silver a un troisième œil : «Là où Joel passe, vous savez qu’il doit y avoir quelques grenades qui explosent.» Le producteur ambitionne, toujours de concert avec le studio, un blockbuster explosif. Ça racole sec et c’est tant mieux.

Malin, voire malin 1/2

La politique de Warner ? Tendue. Le succès de DARK KNIGHT avait motivé le studio à instaurer une ligne éditoriale très noire. Mais le relatif échec commercial de WATCHMEN, interdit aux moins de 17 ans non accompagnés d’un adulte, avait remis en cause cette audace. SHERLOCK HOLMES est alors vite annoncé comme tout public. «Ce n’est pas pour ça que nous faisons des compromis à tout va», rassure Robert Downey Jr., qui connaît le potentiel commercial des blockbusters familiaux (IRON MAN, hein…) Mais il aura fallu trancher dans le matériau de Sir Conan Doyle. Selon lui, l’homme était un bagarreur, certes, un loulou ingérable, hyper intelligent, surdoué en physique, cocaïnomane etSH1morphinomane. Oubliez les deux derniers. «Tout ce truc sur les addictions de Holmes, c’était pertinent en 1890 quand ce n’était pas encore illégal et que ça se démocratisait. Mais ne perdons pas de vue que Holmes est quelqu’un qui n’a pas de maître, qui se contrôle sans cesse. Il est un archétype du sacrifice, il agit pour le bien commun.» Selon Robert Downey Jr, le détective en gagne un charisme positif : de l’intelligence, de la clairvoyance, et un certain enclin à se défouler autrement. Bagarres de rues, combats à l’épée, esprit d’anarchiste, arrogance, érudition hors pair. Parfait pour devenir le héros d’un film d’action et d’aventures hyper-moderne, boostée aux bastons, aux tours de passe-passe. Malin. D’ailleurs, si de l’avis de tous les spécialistes, le Sherlock de Guy Ritchie et Robert Downey Jr est le plus fidèle à l’esprit des romans, SHERLOCK HOLMES ne s’inspire en aucun cas d’un livre en particulier. Mais de tous en général. Comme la reconstitution événement de l’esprit du vieux détective, disséminé dans trop d’œuvres datées.

1890 et au-delà

SHERLOCK HOLMES débarque donc comme un buddy movie en costumes mâtiné d’humour potache mais basé sur un max d’action : le pitch est simple, Sherlock Holmes et le Dr Watson sont à la poursuite de Lord Blackwood (Mark Strong, ROCK’NROLLA) engagé dans des actions criminelles et féru de puissances occultes et d’ésotérisme. Ambiances victoriennes et odeurs de pourriture du Londres des catacombes, marchés aux poissons et sous-sols de cathédrales, magie, action, explosions. Au Comic-Con, Robert Downey Jr en feu, VRP 4 étoiles qu’il est, a galvanisé les foules avec des featurettes exclusives. «Sherlock, c’est le premier super héros de l’Histoire», affirme la star dont la clairvoyance sur le sujet se mesure en dollars sonnant et trébuchant rapportés à Marvel en avril 2008. Et qui dit super-héros, dit franchise. Le film n’est sorti nulle part que c’est déjà confirmé : SHERLOCK HOLMES 2, Mesdames et Messieurs… Sûr, même si la belle Rachel McAdams pourrait être overbookée dans le costume de BlackCat dans SPIDER-MAN 4, car c’est l’une des dernières rumeurs en date… Mais déjà Brad Pitt serait pressenti dans les boots de Moriarty, un bon coup de pub et des pépettes assurées… En février prochain, le film de super-héros se retourne sur son futur : l’«armure» en tweed, l’intelligence comme tout super-pouvoir et Londres comme planète originelle.

Sherlock Holmes de Guy Ritchie, GB/USA. Avec Robert Downey Jr, Jude Law. Le 3 février 2010

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