Séries : le top 10 des années 2000

10-12-2009 - 14:28 - Par

Top10SeriesBandeau

Une décennie s’éteint, une autre s’éveille : le temps pour nous de débriefer en un classement forcément subjectif et incomplet dix ans de séries télé. Aucune production française à l’horizon. Etonnant, non ?

Si les passionnés de série ont été pendant longtemps légèrement considérés comme des geeks irrécupérables, les années 2000 ont vu le genre exploser auprès du grand public, en une sorte d’hystérie collective, faisant de chaque nouvelle production « la plus grande série du moment ». Un essor parfois over the top, dont on se réjouit tout de même, mais qui implique d’autant plus de faire le tri. Cinemateaser a regardé dans le rétroviseur de la décennie et a fomenté son top 10 des séries qui auront marqué leur temps, et l’Histoire du medium.

Aurélien Allin

Sopranos1/ LES SOPRANO (1999-2007)

Si l’on faisait un classement des meilleures séries de tous les temps, la création de David Chase finirait sans doute sur la même marche du podium. Véritable révolution, LES SOPRANO c’est une fausse série sur la Mafia et une véritable grande réflexion sur la famille, la place du père, les conséquences quotidiennes de nos choix. Avant, aucune série n’avait su développer une telle richesse d’écriture, et depuis, tout le monde essaie d’arriver à sa cheville. Cerise sur le gâteau : la fin était tout simplement ahurissante d’audace, sublime de sous-entendus, et restera gravée dans les rétines pendant très longtemps.

TheWire2/ SUR ÉCOUTE (2002-2008)

Quasiment inconnue en France, et royalement ignorée par le public ricain, SUR ÉCOUTE est pourtant un monolithe indépassable qui a ringardisé toutes les séries policières, même les plus grandes. Avec une humanité et un discernement rares, David Simon et Ed Burns ont su mettre sur un pied d’égalité la souffrance des flics et des voyous, tout en observant avec tact et virulence les maux de la société américaine via des thèmes pas glamour au départ (les ghettos, les syndicats, l’école, la politique, les média) et passionnants au final. Conçue comme un roman balzacien, dans 50 ans elle sera sans doute étudiée dans les écoles.

SFU3/ SIX FEET UNDER (2001-2005)

Avec ce bijou d’humanité, Alan Ball a prouvé qu’on pouvait écrire un soap familial sans tomber dans le pathos et les rebondissements à deux balles. Suivant juste le quotidien d’une famille comme les autres (c’est-à-dire pétrie de problèmes), il a pondu une œuvre intemporelle et universelle, dont chaque saison a étudié avec toujours plus de force et de subtilité la psyché humaine. Beau à en pleurer, tout comme les dix dernières minutes de la série, qui ont engendré le syndrome de Stendhal à pas mal de spectateurs, dont à l’auteur de ces lignes.

Lost4/ LOST (2004-2010)

La création de J.J. Abrams et Damon Lindelof n’expirera son dernier souffle qu’en mai 2010. Peu importe que la fin soit satisfaisante ou pas, LOST aura marqué son temps et devrait rester avec le recul une œuvre importante. Addictive, prenant son public à rebrousse poil quitte à le perdre, cédant au final rarement à la facilité, LOST est passée d’objet pop grand public (on adorait ça), à récit épique complexe et foutraque durant ses quatrième et cinquième années. Et on adore toujours ça.

TheShield5/ THE SHIELD (2002-2008)

Anti-SUR ÉCOUTE pour sa faculté à céder sans ménagement au spectaculaire, THE SHIELD n’en est pas pour autant un objet méprisable, bien au contraire. Avec ses oripeaux de sale thriller moite et tendu, la série de Shawn Ryan a mis les nerfs en pelote de la terre entière, en ne sacrifiant jamais la psychologie (tordue) des personnages et la justesse de son propos. Un bon vieux coup de pied dans les burnes, qui, dans les dernières minutes de son final, coupe littéralement le souffle et serre la gorge.

MadMen6/ MAD MEN (2007- ?)

Certes, MAD MEN est encore une jeune série. A peine trois saisons dans les pattes. Mais déjà, à chaque épisode, et ce depuis le premier, on a déjà le net sentiment d’assister à un classique indiscutable. Créé par Matthew Weiner, bras droit de David Chase sur LES SOPRANO, MAD MEN nous refait le même coup en cachant derrière l’histoire d’une agence de pub des 60’s une analyse dépressive de la cellule familiale et un commentaire acerbe de tout ce qui déraille dans notre société consumériste. Intense, addictif, languide, passionnant, émouvant, et hautement audacieux, comme le prouve le « season 3 finale », véritable « game changer ».

Alias7/ ALIAS (2001-2006)

On se fout que la cinquième et dernière saison n’ait pas été à la hauteur et que la quatrième ait été quelque peu massacrée à la demande du network ABC. ALIAS, c’est le monument pop des années 2000. Une série d’espionnage jouant à blinde la carte du divertissement conscient de sa propre vacuité, et soap familial émouvant à l’écriture acérée comme les high kicks de Jennifer Garner. Un véritable serial à l’ancienne dont le cliffhanger de fin de saison 2 reste pour le moment le plus grand jamais pondu, et dont la saison 3 est un puits sans fond de noirceur.

BSG8/ BATTLESTAR GALACTICA (2003-2009)

Dire qu’on ne croyait absolument pas à ce remake d’une série ringarde des années 1970 est un gentil euphémisme. Et pourtant, BSG est ce qui s’est fait de mieux en matière de SF ces dix dernières années. Métaphore à peine voilée de l’Amérique post 9/11 et de la guerre en Irak, elle a su au fil des saisons ménager la chèvre et le chou pour être tout autant un objet de fascination pop qu’une relecture sérieuse et puissante des grands thèmes SF. Et y a pas à dire, Bill Adama est bien le plus gros bad ass de la décennie.

Oz9/ OZ (1997-2003)

Elle a beau avoir eu ses plus belles années dans la décennie précédente, impossible de ne pas citer OZ ici. Avec son impitoyable récit claustro et ses personnages tiraillés entre le Bien, le Mal, la Justice et la Survie, OZ a eu une influence incontestable sur le medium série. Sans OZ, pas de SOPRANO. Et rien que pour ça, l’œuvre de Tom Fontana mérite sa place dans le panthéon.

LifeOnMars10/ LIFE ON MARS (2006-2007)

Seule série anglaise du top, LIFE ON MARS fait partie de ces œuvres british prouvant que les américains n’ont pas le monopole du divertissement intelligent, de l’écriture acérée et de la direction artistique chiadée. A la fois poilante en diable, étrange et passionnante, LIFE ON MARS aura proposé pendant 16 épisodes un récit dont les mystères alambiqués trouvent une réponse satisfaisante dans le final. Le tout avec des acteurs extraordinaires et une bande-son qui l’est tout autant. Le remake américain n’arrivait pas à la hauteur de la première couche d’épiderme de sa voûte plantaire.

Emmanuelle Spadacenta

Lost1/ LOST (2004-2010)

Lancée comme une série pop-corn, brouillant les pistes sur sa nature même (survival, drame, machin chrétien) au cours de ses premières saisons, puis s’imposant définitivement comme l’une des séries les plus complexes à suivre, LOST se regardait, pour aujourd’hui se disséquer. Si elle culmine en haut de ce top, c’est que rarement avant la télé avait autant mis au défi son spectateur de la comprendre. Une entreprise risquée et exigeante, qui n’excelle pas toujours, mais qui a définitivement changé la donne des mythologies sérielles.

Sopranos2/ LES SOPRANO (1999-2007)

Plus qu’une série, LES SOPRANO est un film. Le plus long et le plus imposant des drames familiaux qu’il nous ait été donné de voir. Il y a l’écriture d’abord, subtile, pertinente, qui sous des abords de légèreté (les meilleurs dialogues de la télé sont sûrement là) ne sacrifie jamais le sens sur l’autel de l’entertainment. A fortiori, il y a les personnages décrits comme des figures historiques et enfin, il y a les acteurs qu’on n’a jamais revus meilleurs depuis. Ce n’est pas pour rien.

Carnivale3/ LA CARAVANE DE L’ÉTRANGE (2003-2005)

Un film sur la foi dans le bien et la foi dans le mal, il fallait oser. Plantée en pleine récession, dans l’Amérique des cul-terreux, cette histoire vieille comme le monde d’un cirque de freaks dont la sensualité flirte avec le paradis et l’enfer a marqué à jamais la télé par sa direction artistique luxueuse et sa beauté simple. Même si, trop chère, elle a été purement et simplement sacrifiée au profit de la série ROME, LA CARAVANE DE L’ÉTRANGE et son dénouement fait de frustration et d’espoir reste l’une des meilleures entreprises d’HBO.

MadMen4/ MAD MEN (2007-?)

Difficile de ne pas être pétri d’admiration devant cette série anxiogène comme la 4e DIMENSION, ficelée comme un excellent thriller, et aussi esthétique qu’un bon vieil Hitchcock. Gageure principale : nous scotcher à l’histoire de Don Draper, buveur, queutard, menteur, qui vit dans l’ombre du môme naïf qu’il a un jour été. Anti-héros subtils, femmes fatales et business d’une Amérique qui s’ouvre à l’hyper-capitalisme : elle est loin d’être terminée mais MAD MEN est déjà un chef d’œuvre.

entourage5/ ENTOURAGE (2004-?)

Littéralement écrite sur du vent, ENTOURAGE vaut surtout par ses péripéties minuscules qui, il paraît, font les plus grands films d’Hollywood. Suivre la vie de 4 petits cons du show-business, d’un agent hystéro et de son assistant gay, ce n’est rien comparé aux bons mots, aux personnages gigantesques et à l’art de vivre relax qu’on nous sert à longueur d’épisode. Du cul, de l’argent et de l’adrénaline, c’est à peu près tout. Et ça vous laisse en plan à la fin des 26 minutes, rien que pour être sûr que vous y reviendrez. Et vous y revenez.

TheWire6/ SUR ÉCOUTE (2002-2008)

Nombreux sont ceux qui n’ont pas tenu 4 épisodes avant de la qualifier de «série la plus chiante de la décennie». On ne jette pas la pierre, le niveau d’exigence de SUR ÉCOUTE est élevé. Série d’ambiance (avinée, corrompue) et de personnages (Omar, par exemple), on se fout de l’enquête mais on se soucie de leur sort. C’est là qu’on reconnaît les excellents tv-shows : l’immersion totale, l’identification maximum, un deuil personnel pour chaque mort. Sans rire.

SFU7/ SIX FEET UNDER (2001-2005)

Contrairement à mon confrère, la fin de SIX FEET UNDER m’a peu émue. Ou plutôt, le gros bouillon d’émotion qui s’en dégageait ne paraissait pas surpasser celui qui s’est cuisiné pendant cinq saisons. La série a toujours su combiner l’efficacité d’une scène, la réussite d’un épisode et le brio d’une saison. Et ce, parce que ses auteurs ont toujours eu la liberté de prendre leurs fans à contre-pied. Des morts originales mêlées à la banalité de la vie de famille. Une étude au scalpel de la fratrie. Un soap prodigieux.

LifeOnMars8/ LIFE ON MARS (2006-2007)

Rock’n roll et bad-ass jusqu’au bout du flingue, LIFE ON MARS n’a pas trahi ses origines anglaises. Des lads badgés, une B-O à crever, des courses-poursuites filmées comme dans les 70’s. Tout fait d’elle un savoureux mélange entre polar et divertissement pur jus. Qui plus est, ses créateurs ont eu l’intelligence de l’arrêter quand elle s’essoufflait. C’est rare.

CSI9/ LES EXPERTS (LAS VEGAS) (2000-?)

Marathon en DVD ou rendez-vous du dimanche soir ? LES EXPERTS est une série de fourbe. Prenez-là comme un truc pop-corn d’enquêtes tirées par les cheveux si vous voulez. Mais à force d’épisodes plus dark les uns que les autres, se sont dégagés des portraits de flics éblouissants. Au détour d’une scénette de fin d’épisode ou d’un aveu très personnel au milieu d’un rapport de balistique, cette grande série policière et dramatique vaut beaucoup par les détails disséminés aux quatre coins d’une super-enquête sur le meurtre d’une énième pute de casino.

House10/ DR HOUSE (2004-?)

On aura tout dit sur le succès populaire de HOUSE dans Télé7jours, 50min Inside etc… La mécanique est huilée : un cas, une supposition foireuse, une autre supposition, Gregory House envoie ses troupes enquêter sur le terrain (le domicile de la victime), puis il suppute, il a raison, il a gagné. C’est simple. Donc, là aussi vous aurez compris que si on est fan de DR. HOUSE, ce n’est pas pour ses scénarios. Ni même vraiment pour ses personnages. Mais pour ce qui les lie : beaucoup de jalousie et un respect contrarié par de grosses batailles d’ego. L’une des séries les plus efficaces de ces dix dernières années.

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