La Merditude des Choses : chronique

27-12-2009 - 10:47 - Par

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Une bande de Belges a mis le feu au Festival de Cannes en faisant du vélo la quéquette à l’air. Euh… quoi ?

Lorsqu’au tout début du Festival de Cannes 2009 nous avons fait notre planning de projections, soyons honnêtes, certains films y ont été inclus uniquement parce que leurs titres nous avaient tapés dans l’œil. Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs, LA MERDITUDE DES CHOSES en faisait partie. Et quand on a appris que ce « petit » film était belge, cela n’a fait qu’accroître notre intérêt.

MerditudePosterC’est que nos voisins sont un peu une version libre de nous-mêmes : plus iconoclastes, dénués de toutes les inhibitions et autres névroses (égocentrisme, intellectualisme exacerbé…) qui rongent parfois le cinéma d’auteur français. Avec LA MERDITUDE DES CHOSES, Felix van Groeningen ne dément pas notre opinion. Mais va bien plus loin que prouver que les Belges n’ont aucun souci à montrer leurs culs ou sombrer dans l’absurde. Dans cette adaptation d’un roman autobiographique culte de Dimitri Verhulst, van Groeningen conte l’adolescence de Gunther, 13 ans, et de l’éducation hors normes que lui apportent son père et ses oncles, sérieusement portés sur la bibine, la glande, la nuque allemande et la drague bas du front. Un pitch qui pourrait faire croire que LA MERDITUDE DES CHOSES sera un grand moment de « slacker movie », une comédie bien cracra sous un ciel gris et une pluie fine. C’est en partie vrai, le scénario ne lésinant pas sur les purs instants de comédie (une course cycliste nudiste, un concours de beuverie à la bière, des vannes aussi grivoises que lumineuses), servis par des acteurs aussi subtils que dévoués à l’histoire. Mais derrière le vernis de la gaudriole alcoolisée, Felix van Groeningen parvient à insinuer une dose grandissante de drame, à mesure que Gunther réalise qu’il a beau aimer à la folie son père et son oncle, ceux-ci l’entraînent inexorablement dans un avenir sans débouchés. Alors que lui aspire à l’écriture. Si bien que l’on se prend très souvent à se marrer gorge déployée, et l’instant d’après, en avoir quasiment honte, tant le drame lourd de sens envahit tous les pans du quotidien de Gunther. Comme lorsqu’il trouve son paternel, bourré, dormant dans son vomi. C’est cette capacité à décrire la vie dans tout ce qu’elle a de plus complexe, de MerditudePicplus triste aussi, qui rend LA MERDITUDE DES CHOSES indispensable. La mélancolie qui se dégage des rapports entre Gunther et ses « modèles paternels », la tendresse qui inonde le film (tendresse du réal pour ses héros, des personnages entre eux), en font un objet assez rare, au message d’espoir bouleversant, car jamais parasité par quelque cynisme ou sentimentalisme forcé. Les Français aiment rire des Belges. Mais quand on voit la qualité lumineuse d’un tel film, il serait peut-être temps de comprendre que l’inverse serait plutôt de rigueur.

La Merditude des Choses, de Felix van Groeningen. Belgique. Avec Koen de Graeve, Kenneth Vanbaeden, Wouter Hendrickx. 1h48. Sortie le 30 décembre

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