Bliss : chronique

07-01-2010 - 23:10 - Par

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Drew Barrymore est la fille la plus cool d’Hollywood. Et ça se voit dans son premier long-métrage, BLISS, aussi attachant et réjouissant qu’elle.

Pour être honnête, on ne sait pas franchement pourquoi Drew Barrymore en impose. Certes, on a grandi avec elle, et le souvenir de sa trogne choupinette dans E.T. suffit à en faire une amie. Depuis, elle a joué dans des blockbusters couillons (DRÔLES DE DAMES), des comédies romantiques rigolotes (LE COMEBACK, AMOUR ET AMNÉSIE entre autres), des objets de culte (SCREAM) et produit des bizarreries (DONNIE DARKO). Un joli CV qui ne suffirait pas forcément à convaincre chez la plupart. Sauf que Drew, on l’adore. Sans doute sa personnalité flamboyante, hésitant entre être un maillon de plus du système et une totale rebelle mi-grossière mi-j’m’en foutiste. Et cette aura là, on la retrouve dans son premier film, BLISS, où l’histoire d’une ado nerd qui s’assume enfin en faisant du roller derby, sorte de rollerball-light pour gonzesses tatouées et lesbiennes friendly.

BlissPosterL’étrangeté de BLISS réside dans cette schizophrénie. Le récit est ultra-balisé, cousu de fil blanc, pétri de bons sentiments. Soit tout ce qui pourrait sérieusement irriter. Sauf que ce n’est pas tant la pilule qui importe, mais la façon dont Barrymore la fait passer. Et il se trouve qu’elle passe en glisse. Bliss (Ellen Page, parfaite, bien qu’en total mode JUNO), 17 ans, lunettes double foyer, serveuse dans un bouge, ne supporte plus d’enchaîner les concours de beauté pour faire plaisir à sa mère, et découvre l’excitation de trouver un clan à elle. Celui du roller derby, où des filles qui en ont tournent autour d’une piste, en roller, pour se foutre des bourre-pifs dans la joie et la bonne humeur. Un récit initiatique aussi simpliste que vu mille fois. Sauf que BLISS assume parfaitement. Pas de prêchi prêcha appuyé, mais des sentiments vrais (une superbe scène de réconciliation entre mère et fille, autour d’une clope), souvent désamorcés par un humour décalé au poil, avec dialogues absurdes et personnages secondaires aussi baltringues qu’émouvants. Entre Razor, l’entraîneur, slacker hippie aimant les shorts en jeans (campé par un grandissime Andrew Wilson, grand frère de Luke et Owen), Birdman, serveur latino concupiscent et tendre, ou Iron Maven, queen bitch incarnée par une Juliette Lewis en roue libre, le spectateur a toujours de quoi se mettre sous la dent. Mais surtout, Drew Barrymore filme dans BLISS ce qu’on imagine volontiers être son quotidien : une bande de copines se moquant du qu’en dira-t-on, qui aiment picoler, faire la fête, faire des batailles de bouffes, Blissassumer leur sexualité, leur emprise sur les hommes, et rire de tout, même du pire. Sans toutefois perdre ni leur féminité, ni leur capacité à combattre les aléas de la vie à bras le corps. Ce regard aussi tendre, mélancolique qu’hilarant sur l’amitié, on le trouve plus souvent dans les films de mecs. Barrymore, avec une mise en scène fonctionnelle mais solide, réussit avec talent à le transférer au beau sexe, faisant de BLISS un parfait objet de divertissement, tout comme un joli objet sur l’importance de trouver sa place, quitte à s’en prendre plein la tronche. Drew, on attend le prochain avec impatience.

Bliss, de Drew Barrymore, Etats-Unis. Avec Ellen Page, Juliette Lewis, Drew Barrymore. 1h51. Sorti le 6 janvier 2010.

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