Jeff Bridges débarque sur-alcoolisé et la guitare à la main dans CRAZY HEART, le grand gagnant de la semaine.
Que CRAZY HEART rafle trois nominations aux prochains Oscars, rien d’étonnant. Que Jeff Bridges, Maggie Gyllenhaal et la chanson du film « The Weary Kind » soient nommés dans les catégories Meilleur acteur, Meilleur actrice dans un second rôle et Meilleure chanson, c’est presque normal. CRAZY HEART est un film de personnages et de musique. Comme THE WRESTLER était un film de personnages et de catch. Les deux longs-métrages sont à jumeler : chacun raconte à sa manière, la tentative d’une vieille gloire de revenir, de survivre dans un milieu qu’elle dominait mais qui l’ignore maintenant qu’elle a passé la cinquantaine, et qui peut toujours essayer de trouver son salut en redevenant un bon père si ça peut la rassurer.
CRAZY HEART donc, c’est l’histoire terrible d’un roi de la country-folk (Jeff Bridges), toujours populaire auprès des quinquas du Nouveau-Mexique ou du Texas, mais oublié par l’industrie du disque, par les tourneurs, par ses pairs… Bad Blake l’a bien cherché : c’est une loque. Un dépressif qui bibine au point de ne pas pouvoir finir parfois ses concerts. Lorsqu’une jeune journaliste (Maggie Gyllenhaal) l’a sous la main, elle y voit le coup de sa carrière : écrire un article réhabilitant le vieux musicien. Bad Blake n’est cependant pas oublié de tous ses pairs. Tommy Sweet (Colin Farrell), successful songwriter à qui il a tout appris, pourrait lui aussi aider à la résurrection du vétéran. Voilà donc pour l’histoire qui ne paye pas de mine. Mais hanté de beaux morceaux de folk, de la voix grave d’un Jeff Bridges fatigué, des complaintes langoureuses d’une Maggie Gyllenhaal dans un rôle d’héroïne « à la » Kérouac, le soit-disant modeste CRAZY HEART est autant un plaisir pour les ouïes fines, que pour les yeux. Le premier film de Scott Cooper, tourné en 24 jours à peine, est d’une beauté rare, dressant avec une subtilité merveilleuse le portrait d’un génie pathétique grâce notamment à une réalisation brillante. Une mise en scène alternant à dessein des plans larges sur de grands espaces américains, pour que Bad Blake les bouffe ou les subisse au choix, avec des cadres plus serrés sur des bouts de scènes miteuses qui font du mal à sa réputation mais du bien à sa musique. Et c’est cette perpétuelle alternance entre de grandes respirations et des moments étriqués et tristes qui construit CRAZY HEART comme un « petit » film solide, parfaitement équilibré entre son fond et sa forme, ne dérapant jamais vers la morale, y compris dans sa fin compilant à merveille l’échec et le happy-end. Entre les deux, le balancier s’appelle Jeff Bridges, filmé de près, mal rasé, suintant l’alcool, aussi beau à regarder dans la déchéance que magnifique à entendre dans sa rédemption par la chanson, loin du cliché du vieux pochtron incompris. Il est bien plus fin que ça. Et pour toute dernière révélation, Colin Farrell, dans ce petit rôle de star de la country, queue de cheval et santiags aux pieds, est aussi plus finaud qu’à l’accoutumée. Finalement, il n’y a que de belles surprises dans ce film. Les récompenses aux cérémonies étant finalement les plus courues d’avance.
Crazy Heart, de Scott Cooper, USA. Avec Jeff Bridges, Maggie Gyllenhaal, Colin Farrell. 1h50. Sortie le 3 mars.
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