L’ONU amadoue Hollywood

02-03-2010 - 15:42 - Par

BANDEAUBANKIMOON

Hier, s’est tenu le Global Creative Forum, ou comment l’ONU tente de persuader Hollywood que le cinéma peut l’aider dans sa mission. Et surtout l’inverse.


Dans un article fascinant, Variety nous a briefé sur le rapport parfois pervers que l’ONU entretient avec le cinéma. S’est tenu hier au Hammer Museum de Los Angeles, le forum Global Creative ; Ban Ki-Moon, secrétaire général de L’ONU, et Michael Douglas ont mené en personne la discussion, débat visant à clarifier la position de l’ONU par rapport au cinéma et notamment vis à vis des films qui utilisent l’image de l’Organisation. Une grande campagne de séduction dont on ignorait même l’existence…

Hier, donc, Ban Ki-Moon a largement encouragé les longs-métrages engagés qui, « s’ils sont faits de manière créative, s’ils challengent les idées reçues, pourront toucher des millions de gens ». Le directeur du département Creative Community Outreach Initiative, Eric Falt, l’a soutenu : « Nous sommes là pour faire amende honorable et pour nous faire éventuellement des amis. Nous voulons être capables, à travers la pop culture, de faire comprendre les problèmes dont nous nous occupons, au monde entier ». Car si l’ONU nomme des George Clooney, des Charlize Theron et des Michael Douglas comme ambassadeurs quatre étoiles de leurs différentes causes (Darfour, désarmement…), elle n’a pas toujours été très ouverte à collaborer avec Hollywood : Alfred Hitchcock s’est vu refuser de tourner au siège de l’ONU à l’occasion de LA MORT AUX TROUSSES, et Sydney Pollack a dû faire des pieds et des mains pour y filmer quelques séquences de L’INTERPRÈTE, par exemple. Ou encore, n’y avait-il pas eu des rumeurs de censure par l’ONU sur le recueil de courts-métrages documentaires 8, alors que l’Organisation elle-même avait commandé le film ? En contrepartie, l’ONU est souvent dépeinte comme une bande de bureaucrates peu portés sur le travail de terrain, quand elle ne devient pas le siège des corrompus. Terry George, le réalisateur d’HOTEL RWANDA qui a usé de cette caricature, était d’ailleurs présent pour en parler : « Quand on n’a pas de méchant dans un film, on se tourne vers la monolithique ONU ». Qu’on se le dise.

Beaucoup de représentants de la Motion Picture Association of America étaient également venus, accompagnés de producteurs, pour expliquer à quel point il était difficile, laborieux et financièrement risqué de faire des films à ce point politiques. Ce qu’à l’ONU, on balaie en répondant qu’il ne faut pas penser à la place du spectateur.
Aujourd’hui, l’Organisation des Nations Unies fait table rase du passé : elle se dit prête à collaborer et à partager son expertise technique et logistique avec Hollywood. Le cinéma, outil de propagande ? Si Ban Ki-Moon assure que l’Organisation ne veut exercer aucun contrôle sur les éventuels films à venir, il ne manqua pas de gentiment bâcher Michael Douglas sur le peu de morale qu’il véhicule dans le film WALL STREET, en espérant que WALL STREET 2 « soit un bon film, cette fois ».

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