Cannes 2010 : Hors la loi / Critique

21-05-2010 - 16:30 - Par

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De Rachid Bouchareb. Sélection officielle, en compétition.

Pitch officiel : Situé entre 1945 et 1962, HORS LA LOI suit la vie de trois frères dont la famille a déserté l’Algérie et a survécu aux massacres de Sétif. Ils arrivent en France, où deux des frères militent pour l’indépendance de l’Algérie, alors que le troisième observe et ne comprend pas grand-chose. La bataille de Paris, qui entraîne l’affrontement entre le FLN et la police française, va bientôt les diviser.

Mais quel genre de brûlot révisionniste allait-on nous montrer ? Combien de sifflets entendrions-nous à peine le générique de fin projeté ? Ca s’appelle HORS LA LOI, du réalisateur qui a fait INDIGENES, c’est une fiction bien tournée, dont la controverse vient plus de la rumeur et d’une déclaration débile d’un député de l’UMP que du film en lui-même. Certes, si INDIGENES faisait l’objet de sorties scolaires, pas sûr que la séquence d’ouverture sur les massacres de Sétif, que Bouchareb attribue de manière non équivoque aux autorités françaises, plaise aux profs d’histoire. Débat il y aura, pour sûr. Et c’est sain. Mais les sifflets…

A l’Histoire de juger pertinent ou inutile le conflit idéologique émanant de HORS LA LOI, de sa vision du massacre de Sétif et de sa perception de la montée du FLN. Deux ou trois scènes pourraient être récupérées de manière nauséabonde à des fins politiques et à mauvais escient. Que voulez-vous, la liberté artistique avec laquelle Rachid Bouchareb a monté son film aura probablement son revers. Pendant ce temps, les journalistes se font fouiller à l’entrée, piquer leur bouteille d’eau sans un bonjour alors que débarquent sur la Croisette des camions de CRS pour accueillir PSG/OM. Ah non, pardon… la manifestation d’une poignée de Français rouges colère contre ce film qu’ils n’ont pas vu.

La mauvaise publicité autour d’HORS LA LOI pourrait être la seule chose qu’on retienne du film, alternant scènes inutiles et séquences fortes, audace et balisage, auréolé d’une photo joliment ocre et poussiéreuse, et d’un Jamel Debbouze enfin révélé comme un excellent acteur et définitivement débarrassé de ses tics de jeune comique de proximité. Vraiment, HORS LA LOI est fignolé comme un petit diamant de cinéma, que seul le jeu inégal et parfois un peu gros de certains acteurs n’éraille. De l’histoire de ces trois frères pris dans la guérilla de l’indépendance de l’Algérie, dont deux servent aveuglément les actions et exactions du FLN (Sami Bouajila et Roschdy Zem), et l’autre (Jamel Debbouze) préfère faire son petit bonhomme de chemin apolitique sans rancune, il tire un joli film d’époque, un beau spectacle carré et ambitieux, mitrailleuse et borsalino d’époque, plans poétiques et sentimentalisme fraternel obligatoires. Jamais HORS LA LOI ne fait de ses protagonistes des héros, et seul l’Homme modéré ne semble trouver salut à ses yeux. La faiblesse de ce film magnifiquement produit alors ? Certainement de ne pas jouer l’opposition de points de vue dans un manque d’émotion et de discernement général.

Hors la loi, de Rachid Bouchareb, Algérie. Avec Jamel Debbouze, Roschdy Zem, Sami Bouajila. 2h11. Sortie le 22 septembre 2010

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