Cannes 2010 : Fair Game/ Critique

20-05-2010 - 11:41 - Par

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De Doug Liman. Sélection officielle, en compétition.

Synopsis officiel : Valerie Plame, agent de la CIA au département chargé de la non-prolifération des armes, dirige secrètement une enquête sur l’existence potentielle d’armes de destruction massive en Iraq. Son mari, le diplomate Joe Wilson, se voit confier la mission d’apporter les preuves d’une supposée vente d’uranium enrichi en provenance du Niger. Mais lorsque l’administration Bush ignore ses conclusions pour justifier le déclenchement de la guerre, Joe Wilson réagit via un éditorial dans le New York Times déclenchant ainsi la polémique. Peu après, la véritable identité de Valerie Plame est révélée par un célèbre journaliste de Washington. Avec sa couverture réduite à néant et ses contacts à l’étranger en danger de mort, Valerie voit s’effondrer sa carrière et sa vie privée. Après des années au service du gouvernement américain, elle va devoir maintenant se battre pour sauver sa réputation, sa carrière et sa famille.

Souvenez-vous de Valérie Plame, agent de la CIA dont la couverture fut révélée au grand jour par des pontes du plus haut sommet de l’état quelques temps après que son mari, consultant dans l’enquête sur les armes de destructions massives irakiennes, ait dénoncé publiquement les mensonges du gouvernement américain.

FAIR GAME plonge dans le quotidien de Valérie et de son mari Joe Wilson, avant et après que la CIA et la Maison Blanche les ont répudiés et diffamés. Comprendre que la première heure du film se concentre sur les opérations top secrètes de l’agent (avec comme but de démontrer que le gouvernement avait les preuves de l’inexistence des ADM et s’est mis le rapport sur l’oreille)et que les trois derniers quarts d’heure dépeignent le cauchemar que vit ce couple soudé sous les pressions de la presse, sous la haine de l’opinion publique manipulée par les discours officiels et sous les questions incessantes d’un entourage qui ignorait tout d’eux.

Autant vous dire que l’immersion dans l’intimité de cette famille est bien plus puissante que les révélations sur les arcanes de l’entrée en guerre, sujet pris pour cible de manière récurrente par le cinéma. L’Amérique ne cessant de se flageller depuis des années sur le bellicisme aveugle dont elle a fait preuve au début du siècle, on comptait sur cette histoire à haute teneur émotionnelle pour disséquer l’état d’esprit, les sentiments refoulés et le patriotisme déçu de tous ces gens qui ont été les jouets, voire les alibis, d’un des plus grands mensonges d’état. Et FAIR GAME touche le sujet du doigt : grâce aux interprétations parfaites (et le mot est faible) de Sean Penn et Naomi Watts, FAIR GAME est très puissant quand les deux époux affrontent leurs points de vue, lui cherchant à dévoiler la vérité à tout prix, elle prisonnière de son attachement à son pays, ou quand ils se confrontent ensemble à la vindicte. Moins quand il brasse la politique pure. Le film ne s’attarde que trop peu sur ce foyer au cœur de la tourmente et même si c’est au détour de scènes absolument bouleversantes, le cœur du scénario n’est pas forcément celui-là. Avant d’être un drame tel qu’on le fantasmait, il se veut avant tout un brûlot politique à charge contre Bush et sa politique du mensonge et une critique acerbe du journalisme moderne. FAIR GAME est sans conteste un long-métrage riche, s’éparpillant a fortiori dans ses nombreux sujets. Et de là à dire qu’il aurait mérité un traitement plus long et encore plus approfondi, il n’y a qu’un pas. Mais ce cri parfois maladroit pour la démocratie, sérieux et insistant, fait de lui un film foncièrement important pour mettre en lumière ces sombres affaires d’état.

Fair Game, de Doug Liman, USA. Avec Naomi Watts, Sean Penn, Noah Emmerich. 1h44. Sortie le 27 octobre 2010

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