Cannes 2010 : Tamara Drewe / Critique

17-05-2010 - 20:52 - Par

TamaraDreweBandeau

De Stephen Frears. Sélection officielle, hors compétition.

Synopsis : Avec son nez refait, ses jambes interminables, son job dans la presse people, ses aspirations à la célébrité et sa facilité à briser les coeurs, Tamara Drewe est l’Amazone londonienne du XXIe siècle.
Son retour au village où vécut sa mère est un choc pour la petite communauté qui y prospère en paix.
Hommes et femmes, bobos et ruraux, auteur de best-sellers, universitaire frustré, rock star au rancart ou fils du pays, tous sont attirés par Tamara dont la beauté pyromane et les divagations amoureuses éveillent d’obscures passions et va provoquer un enchaînement de circonstances aussi absurdes que poignantes.

Stephen Frears est un mec bien. Ces dix dernières années, il nous a offert HIGH FIDELITY, THE QUEEN, et l’incroyable téléfilm THE DEAL. Autant dire que 1/certains réalisateurs aimeraient avoir un tiers de ce line up, 2/on lui pardonne ses errances (CHERI, entre autres), et 3/nous sommes ravis de le voir revenir en forme olympique avec TAMARA DREWE. Derrière ce titre se cache l’adaptation de la BD éponyme de Posy Simmonds, qui, après avoir adapté à sa sauce sarcastico-sociologico-londonienne le « Madame Bovary » de Flaubert dans « Gemma Bovery », rééditait en s’emparant du « Loin de la foule déchaînée » de Thomas Hardy.

En s’intéressant à une ferme anglaise accueillant toutes sortes d’écrivains en pleine lose, dont le quotidien va être bouleversé par le retour au village de Tamara Drewe, petite allumeuse au sourire dévastateur, Frears signe là l’un des films les plus frais et franchement poilant depuis… ben depuis VERY BAD TRIP, osons le dire. Avec un humour so british à tomber, faits de vannes délicieusement cool et pince-sans-rire, de références coolissimes (SPINAL TAP), de gags visuels ridicules (un solo de batterie, la baguette coincée entre deux orteils), d’ironie sociétale piquante et de personnages aussi attachants que grotesques, TAMARA DREWE explore tout le spectre de la comédie. Du subtil au franchement gras. Mais pas que. Baignant la comédie dans une couche de drame, le film explore avec un talent perdu par Woody Allen les marivaudages, infidélités, désirs réprimés et autres obstacles existentiels jalonnant la vie de couple. Une richesse faisant oublier sans peine quelques fautes de goût (des split screen peu heureux) et la baisse de rythme plombant le dernier quart d’heure.

Bien sûr, tout ceci n’a pas vocation à changer le monde ou le cinéma. Même si l’histoire porte un regard parfois acéré sur nos sociétés (l’emprise de la célébrité ou de l’apparence notamment), TAMARA DREWE repose surtout sur le plaisir instantané qu’il procure, véhiculé par des performances d’acteurs incroyables. Gemma Arterton prouve qu’elle n’est plus un espoir mais une star. Oui, une star. Et Dominic Cooper, en « rock hero » débile et concupiscent parvient à enterrer Russel Brand qui campait peu ou prou le même rôle dans SANS SARAH RIEN NE VA. Mais n’oublions pas une mention spéciale à Jessica Barden, 17 piges au compteur, qui, en ado prolo au langage fleuri, livre une prestation délirante.

Tamara Drewe, de Stephen Frears, USA. Avec Gemma Arterton, Dominic Cooper, Tamsin Greig. 1h49. Sortie le 14 juillet 2010

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