Cannes 2010 : Blue Valentine / Critique

19-05-2010 - 10:00 - Par

BlueValentineBandeau

De Derek Cianfrance. Sélection officielle, Un Certain Regard.

BlueValentinePosterSynopsis : Un couple voit son mariage s’effondrer. Alors qu’ils sont au plus bas, l’homme et la femme se remémorent les jours heureux.

Pouvait-on trouver couple d’acteurs plus surdoués pour servir BLUE VALENTINE, chronique d’un mariage en pleine déliquescence ? Ryan Gosling et Michelle Williams… Les deux gros atouts d’un film ne reposant que sur la justesse des sentiments qui y sont disséqués. A fortiori, le jeu devait être chirurgical. La passion qui a poussé Dean et Cindy à faire leur vie ensemble s’est étiolée et si lui l’aime encore de manière irrationnelle, elle s’est lassée de cet homme satisfait de ce qu’il a. Là est toute la finesse de BLUE VALENTINE, fort d’un personnage masculin comme on en voit jamais : c’est un romantique, revendiquant que seuls ses statuts de mari fidèle et père aimant contentent. Un homme qui n’aspire qu’à aimer. Quant à son alter ego féminin, elle regrette d’avoir été mère trop tôt et déplore les fantasmes masculins qu’elle cristallise. Balancé au sein d’un foyer rempli d’amour, simplement mal placé ou maladroit, on se laisse bercer par une narration en constants allers-retours entre un passé idyllique où l’on aime aveuglément et un présent violent où l’on aime plus, dans un montage joliment travaillé. Et si l’on doit parler de la réalisation gracieuse de BLUE VALENTINE, on pourrait tout autant louer ses cadres intimistes, sa lumière poétique, et tout ce qui permet d’être en prise directe et bouleversante avec cette relation meurtrie.

Mais si visuellement, le réalisateur Derek Cianfrance tire vraiment son film vers le cinéma hyper-indépendant, n’évitant pas les tics et gimmicks de tous ces métrages célébrés à Sundance, BLUE VALENTINE fait partie du haut du panier grâce à son jeu viscéral. En deux amants déchirés, Ryan Gosling, toujours surpuissant, et Michelle Williams, renouant ici avec le malaise poignant de son tout premier rôle-phare (celui de DAWSON), touchent du doigt l’essentiel de l’art de l’acteur. Chaque geste et chaque mot sont pesés, chaque regard est subtilement posé, et ils livrent une interprétation que seuls les plus grands drames permettent.

Et il fallait bien leur monstrueux talent pour servir cette love-story finie, bourrée de remords et de regrets, de sentiments refoulés et surtout de non-dits. Si forte qu’on attend qu’elle finisse dans le sang alors qu’elle termine dans la version la plus réaliste qui soit, et si cohérente avec la précision émotionnelle du film (presqu’incroyable) qu’on en sort rincé et tout bouleversé. Mais peut-être serait-ce trop fort de dire que BLUE VALENTINE est déjà un classique…

Blue Valentine, de Derek Cianfrance, USA. Avec Ryan Gosling, Michelle Williams. 2h. Prochainement

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