Le point sur la saga Jason Bourne

Après l’annonce du retour de Tony Gilroy dans la franchise, Universal parle d’un épisode qui ne serait « ni préquelle ni suite ». Décodons la chose, et extrapolons.

Voilà deux jours, le producteur Frank Marshall annonçait sur son Twitter que Tony Gilroy, scénariste des trois premiers volets de la saga Bourne ferait son retour pour l’écriture du quatrième volet. Après le départ de Paul Greengrass, et par voie de conséquence, de Matt Damon, on se demandait bien de quoi pourrait traiter ce nouvel épisode. Joint par The Playlist, Universal a « mis les choses au clair », et nous choisissons d’apposer des guillemets à l’expression puisque la major nous a au contraire vrillé le cerveau en assurant que les nouvelles annoncées il y a deux jours étaient trompeuses. Le prochain film de la franchise « ne sera ni une préquelle, ni une suite, mais une continuation de la franchise. Point barre ». Une continuation pour laquelle Gilroy n’écrit pour le moment aucun scénario, mais un traitement et une bible pouvant servir aux futurs scénaristes et réalisateurs dans le but de respecter la mythologie Bourne, que sont les opérations Treadstone et Blackbriar.

Nous, quand on nous dit « ni préquelle, ni suite », on pense immédiatement à « reboot » ou « spin-off ». La première option, même si Hollywood n’a aucune limite (cf SPIDER-MAN), nous paraît peu probable, la saga reposant en grande partie sur la résolution des mystères « Qui est Bourne ? Comment a-t-il perdu la mémoire ? Qui sont les pouvoirs tirant les ficelles de Treadstone et Blackbriar ? ». Une fois ces mystères résolus, difficile de tout reprendre à zéro avec le même récit, et ce même si les scénaristes pondaient de nouvelles réponses. La seconde, en revanche, serait tout aussi probable qu’excitante.

Matt Damon clamait un temps que la franchise pourrait toujours vivre sous forme de préquelle : « Ils peuvent faire d’autres films avec un autre acteur, comme Ryan Gosling, Russell Crowe ou Denzel Washington, et il sera Jason Bourne.  A la fin de cette saga-préquelle, au bout d’un, deux ou trois films, on verrait ce Jason Bourne transmettre son identité à mon personnage. » L’option préquelle, donc, qui, par chez nous, nous donne plutôt l’idée du « spin of ». Et si « la continuation de la franchise » s’intéressait à d’autres personnages de la franchise, en développant leur histoire, indépendamment de celle de Jason Bourne ?

Et là, la liste est longue : Le Professeur (Clive Owen), le patron de Treadstone Alex Conklin (Chris Cooper), le patron de la CIA Ward Abbott (Brian Cox), l’agent de la CIA Nicky Parsons (Julia Stiles), le directeur de Blackbriar Noah Vosen (David Straithairn)… Hormis Le Professeur, tous ces protagonistes n’ont qu’un défaut : rats de bureau, ils feraient des prochains volets de la saga de possibles films politiques passionnants, mais guère des thrillers d’action visant le grand public. Nous voyons mal Clive Owen revenir à son personnage pour une raison simple et pragmatique : l’argent. Universal devrait aligner un chèque corsé pour se payer un acteur aussi connu, dont les agents ne se priveraient pas de rappeler au studio ce que la saga a rapporté (944 millions de dollars de recette pour 245 millions de budget) pour traire un salaire mirobolant.

Alors nous, si l’on pouvait donner un conseil à Universal : centrez cette « continuation » sur Paz, l’assassin à la solde de Blackbriar campé par le formidable Edgar Ramirez dans LA VENGEANCE DANS LA PEAU. Non seulement son personnage survit à la fin du film, mais son passé tout comme son futur (il est épargné par Bourne) pourraient fournir une storyline aussi passionnante qu’intense. Ramirez, absolument soufflant dans CARLOS, a toutes les qualités requises : charismatique, polyglotte, bâti comme une statue grecque, peu cher… L’ironie de la chose étant que dans le roman « La Vengeance dans la peau », l’ennemi de Bourne n’est rien de moins que… Carlos. Sans rire.