Inception : chronique

21-07-2010 - 12:30 - Par

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Successeur de THE DARK KNIGHT dans la filmo de Chris Nolan. Film le plus attendu de l’année. Marketé comme blockbuster ultime. INCEPTION, s’avère plus que ça. Bien plus.

Dans un monde où l’espionnage industriel passe par le monde des rêves, Dom Cobb est la rock star de son business. Roi des extracteurs, il vole pour d’autres les secrets de ses cibles en s’immisçant dans leurs rêves. Jusqu’à ce que l’une de ses victimes, Saito, lui fasse une proposition simple mais risquée, car rarement tentée : implanter une idée au lieu d’en voler une. Le Japonais offrant à Cobb une contrepartie qu’il ne peut refuser, l’Extracteur, brisé par un passé mouvementé, accepte, et forme une équipe afin de s’acquitter de sa tâche. Soyons honnêtes : sans le milliard de THE DARK KNIGHT, il est fort probable qu’INCEPTION n’aurait jamais vu le jour. Même au sein d’un studio comme Warner, capable de sortir des opus aussi audacieux que MAX ET LES MAXIMONSTRES et qui par le passé, avait donné carte blanche à Stanley Kubrick. Kubrick, ou le seul homme qui, de son vivant, aurait pu pondre un long-métrage de la trempe d’INCEPTION. Car malgré ses atours de rouleau compresseur hollywoodien, l’ambition et l’exécution du nouveau Nolan en font une œuvre totalement marginale.

InceptionChroniquePosterComparer Chris Nolan à Stanley Kubrick, ou comment tendre le bâton pour se faire battre. Comprenons-nous bien. Loin de nous l’idée de mettre sur un pied d’égalité le nouveau héros du cinéma et le plus grand cinéaste (selon nous) de l’Histoire. Mais tout simplement, INCEPTION se présente comme un film purement kubrickien. Outre le fait que les deux hommes partagent une expatriation (Nolan, anglais, vit aux USA, Kubrick, américain, vivait en Angleterre), ce sont bien les intentions artistiques du père d’ORANGE MÉCANIQUE que vise Nolan, peut-être inconsciemment, avec INCEPTION.

Le marketing a voulu faire de son nouveau film un « MATRIX sous stéroïdes » (dixit DiCaprio) pour le côté univers subconscients parallèles, un ersatz de James Bond pour son côté globe-trotter, un film de braquage à la OCEAN’S ELEVEN et de mecs en mission à la MISSION IMPOSSIBLE pour l’utilisation de compétences bien définies de chacun des personnages. Des influences patentes, visibles, que Nolan ne renie jamais, tant INCEPTION suinte d’une volonté évidente d’efficacité et de divertissement. Pourtant, INCEPTION s’affiche davantage comme un 2001 L’ODYSSÉE DE L’ESPACE de notre temps, et devrait soulever la même déception, la même incompréhension que le chef d’œuvre de Kubrick à son époque. On ne se souviendra peut-être pas dans quarante ans d’INCEPTION (encore que), mais aujourd’hui, les similitudes frappent. Tout comme l’opus spatial du Maître, INCEPTION et son « braquage mental » mené par l’équipe de Cobb, manque clairement d’enjeux dramatiques. Affiche une précision d’exécution mathématique, autant narrative que visuelle. Pour au final en devenir totalement clinique.

InceptionChroniquePic« Tout ça pour ça ? » diront certains sur le générique de fin. Oui, car INCEPTION, à la manière du cinéma de Kubrick, infusant dans la psyché du spectateur via des ambiances méticuleuses et froides, prend son véritable sens au-delà de son désir d’efficacité à travers les influences identifiables et grand public mentionnées plus haut. L’émotion, bien que courtisée à travers un récit jouant sur des émotions simples (et non simplistes), donc universelles, prend naissance dans ce que chaque spectateur apportera de plus intime au récit. Condensant en 2h28 le parcours d’une longue psychothérapie, INCEPTION déconstruit avec brio une quête spirituelle, de rédemption, dans laquelle il faut constamment creuser plus profondément en soi, ses souvenirs, ses sensations, ses rêves, pour régler des problèmes et névroses en apparence transparentes.

Si bien qu’INCEPTION, plus qu’un film au récit redoutablement huilé, aux acteurs remarquables, à la mise en scène imparable (il faut voir pour le croire la dernière demi-heure, suivant en parallèle quatre spatialités et temporalités différentes sans jamais perdre le spectateur ou nuire à la tension étouffante), se déguste comme une expérience sensorielle. Un trip presque impossible à décrire, où notre esprit et nos nerfs sont mis à rude épreuve, et qui, sans jamais jouer la carte du mysticisme ou de la métaphysique, nous transporte dans des états seconds, par la force de son imagination et de ses images de pur cinoche. L’analogie avec Kubrick, vraiment, ne nous est jamais parue aussi justifiée.

Inception, de Chris Nolan. 2h28. Avec Leonardo DiCaprio, Marion Cotillard, Ken Watanabe, Ellen Page. Sortie le 21 juillet 2010.

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