L’APPRENTI SORCIER ou le grand retour du quatuor Disney/ Bruckheimer/ Nicolas Cage/ Jon Turteltaub, au sommet de son potentiel. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple.
Pirates, archéologues, prince de Perse, sorciers ancestraux : Bruckheimer écume les personnages romanesques pour leur donner une chance de survivre à notre époque anticipatrice et hyper-technologique. À renfort de SFX impressionnants, d’intrigues surnaturelles, d’un humour aussi potache que plein d’esprit, il est parvenu à élaborer une formule magique de cinéma familial. Si on est vraiment client du résultat quand il s’agit de PRINCE OF PERSIA ou de certains épisodes de PIRATES DES CARAÏBES, on est beaucoup moins fans des BENJAMIN GATES, du surcabotinage de Nicolas Cage en wannabe Indiana Jones et des dialogues/intrigues/rebondissements absurdes. Bref, de son manque de charisme général.
L’affront est lavé avec L’APPRENTI SORCIER, qu’on attendait comme une petite purge et que seul notre intérêt pour les films familiaux nous a poussés à voir. Là où BENJAMIN GATES s’évertue à crétiniser des histoires et des sujets pour les grands, se référant à l’Histoire sans aucune déférence, L’APPRENTI SORCIER, lui, a la démarche inverse : il se créé son propre univers surnaturel, histoire d’émerveiller les kids, pour en tirer une histoire plus mature, sous couvert d’un film bas du front, brassant des thèmes aussi réflexifs que la possession et la vengeance amoureuses, l’humiliation et la force que cela recquiert de transcender son honneur. À l’instar de PRINCE OF PERSIA, dont le spectre thématique shakespearien nourrissait le spectacle, le classicisme des fondements de L’APPRENTI SORCIER embarque littéralement dans un film au pitch pourtant très concon. Dans un New-York contemporain, Dave, jeune scientifique affable et mal dans sa peau (Jay Baruchel), est recruté par le grand magicien Balthazar Blake (Nicolas Cage) pour contrecarrer les plans maléfiques du sorcier Horvath (Alfred Molina), cherchant à détruire le monde.
La naïveté simpliste de l’histoire, c’est là le secret de fabrique du film et de son scénario très solide dont peu de productions jeunesse peuvent se targuer. Et s’il parvient à mieux mêler la légende et la vie moderne que BENJAMIN GATES, il a aussi les meilleurs personnages secondaires que Disney et Bruckie aient créés dans un live-action depuis longtemps. En l’occurrence, ici, c’est Toby Kebbell qui s’y colle, dans un personnage de magicien show-off tendance Dani Lary, stupide et imbu de lui-même au point qu’on lui doit sûrement les meilleures répliques du film.
L’APPRENTI SORCIER a beau être robuste, inutile de l’intellectualiser tant il s’assume comme un grand film de spectacle, calibré comme tel. Malgré un mauvais démarrage au box-office américain, ce nouveau blockbuster pour jeunes esprits est tout à fait symptomatique d’une méthode Bruckheimer qui ne faillit jamais : sans cynisme (apparent), le mogul hollywoodien s’escrime à livrer un produit fini d’une qualité imparable, pour du divertissement haut de gamme. Que ça puisse manquer de cœur ? Non, car entre la bonhommie de Jay Baruchel, physique ingrat et charme fou, et Nicolas Cage, très impliqué quand il s’agit de magie arthurienne (sujet qui le fascine en raison de ses multiples origines), tout respire ici le talent conjugué à l’énergie et au plaisir trivial des gros entertainers.
L’Apprenti Sorcier, de Jon Turteltaub, USA. Avec Nicolas Cage, Jay Baruchel, Teresa Palmer. 1h45. Sortie le 11 août
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