Expendables : chronique

09-08-2010 - 16:03 - Par

BANDEACHRONIQUEEXPENDABLES

Le film 100% testostérone de Sly est 1/ un peu plus tendre qu’on l’attendait, 2/ un peu plus cracra aussi.

Ici, on vous a déjà longuement parlé de THE EXPENDABLES (retitré EXPENDABLES : UNITÉ SPÉCIALE en France) et de l’histoire qu’il déroule, à savoir celles de mercenaires d’élite missionnés de déloger le dictateur d’un état d’Amérique du Sud. Avec la manière forte, il va de soi. Vous savez donc qu’on l’attendait avec une impatience non-dissimulée, enfants spirituels des vidéoclubs que nous sommes, ne rechignant pas le plaisir d’un bon Jason Statham de temps en temps, dépoussiérant toutes les semaines nos coffrets ROCKY et RAMBO. Avec le recul, cette période où Stallone, Schwarzenegger et Dolph Lundgren (pour ne citer qu’eux) régnaient sur le grand écran et sur la VHS fascine encore par son ultraviolence et/ou ses propos politiques un peu triviaux. Ainsi, revoir nos anciennes égéries (Sly, Schwarzie, Lundgren, Bruce Willis, Mickey Rourke, Eric Roberts) s’acoquiner avec les bastonneurs d’aujourd’hui (Statham et Jet Li) et les catcheurs dont nos petits cousins raffolent (Steve Austin, Randy Couture, Terry Crews) relevait de la partouze cinématographique et intergénérationnelle ultime. Et il faut avouer que sur le plan proustien, cinéphagique et fusionnel, EXPENDABLES est réussi.


PICPOSTEREXPENDABLESLa haute tolérance à un film si primaire, c’est une question de culture. Mais même en étant rompu aux gros films d’action qui tachent, c’est un problème de démarche qui se pose vite. En voulant honorer le genre malaimé qui lui a apporté la célébrité et, par là honorer ceux auxquels, comme lui, Hollywood refuse le prestige, Sly a-t-il bien dosé son geste ? Qu’il balance des litres de sang sur pellicule, c’est ce qu’il nous avait vendu, certes. Qu’il multiplie les dialogues bourrus entre paires de couilles et les tapes dans le dos entre vieux briscards qui jouent aux flèchettes, pas de problème jusque-là. Qu’il en fasse des caisses sur l’imagerie du vilain capitaliste américain manipulant le petito pueblo qui pend son linge aux fenêtres et vend des poules sur le marché, peut-être aurait-ce mérité d’être dégrossi ? Stallone a une certaine tendance à révérer le cinéma des 80’s au premier degré sans chercher à actualiser son récit, ni même son propos. Si bien qu’on se demande si le coup de poing stéroïdé qu’il assène au cinéma cet été ne retournerait pas de l’attentat au ‘z’ plus que de l’hommage au bis… À moins que tout ceci ne manque simplement d’un peu de recul.

Celui qu’on avait taxé d’être un boucher avec le dernier RAMBO, mais d’être trop mielleux avec ROCKY BALBOA, vient de livrer une déclaration d’amour… sans demi-mesure, une radicalité et une pugnacité que les années, une envie de revanche sur le sytème actuel et les rides lui ont conféré petit à petit. Ainsi, tentant d’absoudre le simplisme bêta des actioners d’antan, il offre à chacun de ses amis et partenaires, des rôles dignes, de Mickey Rourke vétéran de guerre hanté par PICEXPENDABLESdes démons à Jason Statham, amoureux transi et jaloux, en passant par Jet Li personnage secret souffrant d’un curieux complexe d’infériorité… Presque pathétique dans son passéisme, EXPENDABLES respire pourtant l’estime d’autrui, l’amour du genre, et un cœur gros comme ça, si l’on peut se permettre … Pas étonnant alors qu’il y ait un brin de féminisme dans ce monceau d’ultra-violence. Car oui, quand Terry Crews explose son ennemi à la méga-mitrailleuse, repeignant une hacienda entière en rouge sang, c’est qu’il craque pour sa poupoule, une sulfateuse de toute beauté. Quand Jason Statham (le meilleur acteur du film assurément) massacre son rival à coup de tatane, c’est qu’il a fait de la jalousie et de l’amour qu’il porte à sa nana des super-pouvoirs létaux. Et quand Sly persiste à mener une guerre qui n’est pas la sienne pour sauver de la corruption un état dont il se fout, c’est pour protéger une pauvre chica de la cruauté de son pôpa. Le tout est bien sûr d’une chasteté impeccable car ces messieurs sont des gentlemen.

Et finalement, derrière les cascades incroyables, les levers de jambes mortels, les poignards bien plantés dans la glotte, les décapitations intempestives, des démembrages, les blagues vaseuses, c’est une grande classe que l’on discerne. Et ces messieurs ont tout notre respect.

Expendables : Unité Spéciale. USA. De Sylvester Stallone. Avec Sylvester Stallone, Jason Statham, Dolph Lundgren. 1h45. Sortie le 18 août

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