NEVER LET ME GO : chronique

02-03-2011 - 11:51 - Par

Un chef d’oeuvre de la littérature est-il soluble dans un film de deux heures ? Tentative polie de réponse par Mark Romanek et son scénariste Alex Garland.

Le destin de trois jeunes anglais, deux filles et un garçon, élevés pour se sacrifier pour le bien commun. Pour comprendre NEVER LET ME GO, rappelons que son réalisateur Mark Romanek, s’occupa de ce projet initié par le scénariste Alex Garland (SUNSHINE, le prochain DREDD), juste après s’être barré de THE WOLFMAN, pour cause de sacro-saints « différends artistiques ». Pas étonnant que Mark Romanek, en homme blessé, tente donc avec NEVER LET ME GO de bien faire. De très bien faire. Un peu trop. La limite principale de cette adaptation du roman de Kazuo Ishiguro (« Auprès de moi toujours » dans son édition française), se situe dans cette volonté trop visible de faire de NEVER LET ME GO un potentiel chef d’oeuvre. Conscients de l’importance du matériau qu’il a entre les mains, maintes fois primé et salué par la critique, Romanek et Garland, semblent paralysés par l’enjeu. Avec pour preuve flagrante ce quasi-aveu d’échec qu’est l’utilisation de la voix off, solution de facilité utilisée pour tout portage sur écran d’une oeuvre littéraire, et qui, hormis chez Scorsese, n’offre généralement qu’inertie. Pourtant, NEVER LET ME GO parvient à dépasser ses limites, notamment en usant, comme le livre d’Ishiguro, d’un contexte rétro-SF prétexte à un propos plus général et universel, assez délicat, sur l’amour, la mort, le sacrifice et l’amitié. Si bien que le récit s’illumine de quelques grands moments d’émotion, souvent initiés par un Andrew Garfield (THE SOCIAL NETWORK, RED RIDING, le prochain SPIDER-MAN) phénoménal d’intériorité, et une direction artistique solide. Peut-être pas tout à fait le film qu’il aurait pu être, mais sans doute une jolie opération de guérison pour Mark Romanek.

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