FIGHTER : chronique

08-03-2011 - 10:08 - Par

Une grande chronique familiale sur fond de boxe, de détresse morale et de motivations troubles. Une claque tout en finesse.

Powell, Massachusetts, les années 90. Micky Ward est un bon boxeur qui mène de mauvais combats, sportifs et familiaux. Rompue aux rencontres foireuses sur des rings pourris, sa carrière est gérée par une mère qui s’est improvisée promoteur, et ses entraînements sont menés par un demi-frère, sparringpartner de fortune, ancienne gloire accro au crack. Alors pour devenir le champion qu’il rêve d’être, il lui faudra d’abord mettre sa vie au tapis.

Plus qu’un simple film de boxe et de rédemption, FIGHTER est d’abord un drame prolétaire, où l’on éructe des insultes, où on se met des pains pour s’expliquer cordialement et où l’on est mal-né, parfois mal entouré et mal barré pour s’en sortir. À l’écran, devant la caméra de David O.Russell, l’image n’est donc pas très nette, les costumes sentent la vieille transpiration et les visages sont burinés par la rudesse de la vie. Il n’y a qu’à voir Christian Bale, squelettique, bourré de tics de junkie, énorme sous les oripeaux de Dicky Eklund – qui a un jour mis K.O. Sugar Ray Leonard – pour constater la déchéance dans laquelle baigne FIGHTER. De cette ambiance délétère émergent de grandes scènes, empruntant à la tragédie grecque, comme ces face-à-face prodigieux entre demi-frères (meilleur rôle de Mark Wahlberg haut la main), entre mère et fils, entre le père et la mère d’une famille décomposée qui se croit immortelle, alors qu’elle implose sous les rivalités pernicieuses. En guise de choeur, les sept soeurs un peu vulgos de Micky et Dicky expirent des onomatopées pour tout commentaire, comme sept poupées du Muppet Show. De cet enfer moral s’extirpe un grand film sur les liens du sang, porté par des partis pris formels audacieux (notamment l’utilisation de la vidéo), et du talent à tous les plans. Magistral.

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