BONOBOS : chronique

29-03-2011 - 12:48 - Par

Après LOUP et LE DERNIER TRAPPEUR, le producteur Jean-Pierre Bailly donne au documentariste télé Alain Tixier sa première chance de réalisation. Le tout pour se pencher sur le cas fascinant et émouvant des Bonobos, nos plus proches cousins.

Au Congo, le jeune bonobo Béni se fait capturer dans la jungle par des braconniers, qui le revendent illégalement au patron d’un bar. Mais quelques mois plus tard, alertée par des clients de l’établissement, la police vient saisir Béni et le confie à Claudine André, Belge  ayant créé le sanctuaire Lola Ya Bonobo, où ces singes partageant 98,7% de gènes avec l’Homme, peuvent vivre en toute quiétude. Là, Béni va réapprendre à vivre, à faire confiance aux humains. Bientôt, Claudine va l’inclure dans son premier plan de réintroduction des bonobos dans leur habitat naturel.

Ces dernières années, le documentaire animalier a fait les beaux jours du grand écran. Depuis MICROCOSMOS, on ne compte plus les films dans le genre, qu’ils soient pur docu ou docu-fiction. BONOBOS a de qui tenir puisque son producteur, Jean-Pierre Bailly, s’est illustré avec LOUP et LE DERNIER TRAPPEUR, deux longs-métrages fictionnels à haute teneur documentaire, et aux propos écolos marqués. Pour sa nouvelle production « nature », Bailly fait cette fois confiance à Alain Tixier, connu notamment pour son travail sur les émissions de Nicolas Hulot. Le parti-pris de BONOBOS est sur le papier original : il remet en scène la réalité de manière fictionnelle, tout en suivant le véritable travail de Claudine André dans son sanctuaire pour grands singes.

Malheureusement, ce pari risqué s’avère plutôt raté. Les amateurs de documentaires animaliers pourront ainsi pester contre l’idée du cinéaste de donner une voix off humaine à Béni, comme avait pu le faire Luc Jacquet dans LA MARCHE DE L’EMPEREUR. En sortent des dialogues plutôt gênants et une mise en scène inutile, qui apportent guère d’informations sur les bonobos, fascinants animaux à l’intelligence ahurissante. Si bien que l’on se trouve frustré de devoir lire ces infos dans le dossier de presse plutôt que de les découvrir dans le film. Bien sûr, l’intention derrière ce procédé d’anthropomorphisation est claire : attirer le plus jeune public. Louable, certes, mais ce parti-pris trop simpliste laisse en plan les adultes, qui doivent alors lutter pour se raccrocher au film.

Une fois cet effort fait, BONOBOS finit tout de même par convaincre. On peut alors apprécier à leur juste valeur les images captées par Tixier. L’amour de Claudine André et de ses bénévoles pour les singes transparaît avec une rare sincérité. Mais surtout, le destin tragique de cette espèce – qui bien que protégée est mise en danger par l’Homme –, émeut au plus haut point. C’est que les bonobos, avec leur regard d’une profondeur insondable (au sens littéral et métaphorique), leur comportement social d’une grande pureté (pour se réconcilier, ils font l’amour) et leur intelligence comportementale, touchent au cœur. Et nous mettent face à un miroir qu’il est presque désagréable d’affronter. Comment ces animaux, nos ancêtres les plus proches génétiquement, peuvent-ils apparaître plus évolués et humains que nous ? Cette question nous hante longtemps après la projection. Et même si BONOBOS n’est pas une réussite totale, il aura au moins le mérite de pousser le public à vouloir en savoir plus. Mission accomplie, en somme.

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