Cannes 2011 : WU XIA / Critique

14-05-2011 - 18:25 - Par

De Peter Ho-Sun Chan. Sélection officielle, séance de minuit.


Synopsis : Sous la dynastie Qing, Liu Jin-xi est fabriquant de papier et papa de deux enfants, et vit une vie plus ou moins tranquille, avec sa famille, dans un village isolé. Malgré tout, l’arrivée en ces lieux d’un détective compromet cet sérénité.

Ça pose, n’est-ce pas, de titrer son film par l’intitulé d’un genre ? Le Wuxia au cinéma regroupe tous les films de sabres, chevaleresques si possible, avec une forte teneur en arts martiaux. Alors le nouveau Peter Chan affiche très vite la couleur : Liu Jin-xi fabrique du papier dans un village reculé de Chine avec sa femme, le fils de celle-ci issu d’une précédente union, et leur cadet fruit du nouvel amour. Le jour où Jin-xi parvient à tuer par hasard deux brigands venus dépouiller une épicerie, le détective enquêtant sur l’affaire, Xu Baijiu, est persuadé que Jin-xi n’est pas le gentil artisan qu’il dit être. Pour avoir mis en échec deux des plus gros experts en arts martiaux, il doit forcément être un maître lui-même. De là, après avoir éveillé les soupçons, c’est tout le trouble passé de Jin-xi qui le rattrape et fait de sa nouvelle vie, un véritable bain de sang.

Si WU XIA est indubitablement un véritable film d’action, on pourra d’abord saluer la vocation ludique de Peter Chan à déconstruire le spectacle inhérent au genre wu xia et à le rationnaliser un peu. Lorsque Xu Baijiu tente de comprendre quels genres de coups, de parades et d’attaques ont pu mener Jin-xi à tuer deux hommes, Peter Chan s’amuse alors à décortiquer les premières scènes (celles où Jin-xi est un couillon chanceux qui à force de taper dans le vent finit par toucher ses cibles) en explicitant tout ce que le spectateur n’a point pu voir, perpétuellement épaté par la souplesse, l’élasticité et la dextérité des acteurs et des cascadeurs. Heureusement, après avoir déconstruit le mythe, le réalisateur s’attèle à construire une véritable histoire, linéaire certes, mais souvent touchante.

Qu’il emprunte de manière insistante (et réussie) les codes du western – c’est l’apanage du wuxia me direz-vous -, qu’il se laisse aller au thriller moderne, qu’il recycle le mythe du sabreur manchot ou qu’il vire au mélo, notamment grâce à la relation complexe qui unit Liu Jin-xi à sa femme, Peter Chan soigne son esthétique, avec une photo incroyable, et tente d’équilibrer son récit. Parfois échoue-t-il (il y a un ventre mou d’une bonne vingtaine de minutes qui plombe malheureusement le film et un peu de bouffonerie qui le dessert), mais souvent fait-il de son WU XIA un très chouette divertissement et un spectacle impressionnant, drôle et extrêmement noble. Il faut dire qu’en matière d’élégance, Donnie Yen (tout coup de saton dehors) et Takeshi Kaneshiro (incarnant un pro de l’acupuncture fatale) se posent là. Ils sont d’ailleurs le véritable intérêt de WU XIA.

Wu Xia, de Peter Ho-Sun Chan. Avec Takeshi Kaneshiro, Wei Tang, Donnie Yen. 2h00. Prochainement.

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