DE L’EAU POUR LES ÉLÉPHANTS : chronique

09-05-2011 - 17:13 - Par

Une passion amoureuse académique. Une esthétique trop sage. Robert Pattinson en vétérinaire romantique. Malgré ses défauts et les a priori qu’il suscite, DE L’EAU POUR LES ÉLÉPHANTS convainc. Un quasi miracle.

En 1931, le jeune Jacob (Robert Pattinson) s’apprête à devenir vétérinaire. Mais la mort de ses parents en fait un vagabond et il rejoint bientôt le cirque dirigé par August (Christoph Waltz), homme violent marié à la star du spectacle, Marlène (Reese Witherspoon), dont Jacob tombe amoureux. Avec sa nette volonté de se poser en machine à Oscars familiale, DE L’EAU POUR LES ÉLÉPHANTS s’autocensure de façon regrettable. Le réalisateur Francis Lawrence (JE SUIS UNE LÉGENDE) ne fait ainsi qu’effleurer son décor – l’Amérique miséreuse de l’après-krach de 1929 – ou la bizarrerie du cirque, cette bulle autarcique fascinante et dérangeante. Jamais la caméra n’ose s’attarder sur les « monstres » de la troupe ou sur les corps dénudés des effeuilleuses, qui ne sont que de simples éléments du décor. Une chasteté – frigidité ? – qui prive DE L’EAU POUR LES ÉLÉPHANTS d’une identité forte et l’empêche de rejoindre les classiques du genre, comme FREAKS ou LA CARAVANE DE L’ÉTRANGE. Pourtant, un petit miracle de cinéma se produit et le film tire de ses faiblesses un parti-pris certes peu audacieux, mais assumé. Celui du produit élaboré soigneusement, comme durant l’âge d’or hollywoodien, avec un classicisme d’orfèvre. Un genre de long-métrage malheureusement désuet aujourd’hui. Nos premiers émois de cinéphiles ainsi convoqués, c’est traversé de mélancolie et de nostalgie que l’on suit cette histoire d’amour contrariée, dont on s’entiche par pur plaisir de se laisser emporter. Et peu importe qu’on en connaisse l’issue dès ses prémices. Car DE L’EAU POUR LES ÉLÉPHANTS, sans cynisme et avec un vrai goût du romanesque, donne de l’épaisseur à ses personnages (hormis August, campé par un Christoph Waltz monolithique), et affiche une conclusion bouleversante de sincérité. Le formidable Hal Holbrook (LES HOMMES DU PRÉSIDENT) en Jacob centenaire nous désarme, nous arracherait même quelques larmes, et finit de faire de DE L’EAU POUR LES ÉLÉPHANTS un moment de cinéma certes bancal, mais chérissable.

De Francis Lawrence, avec Robert Pattinson, Reese Witherspoon, Christoph Waltz. Sortie le 4 mai.

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