X-MEN : LE COMMENCEMENT : Chronique

01-06-2011 - 15:23 - Par

Pari réussi pour Matthew Vaughn. Le réalisateur de KICK-ASS donne un coup de fouet à la franchise super-héroïque et nous prouve que Magneto is the man… the X-man.

Quiconque a vu, en 2000, X-MEN de Bryan Singer, se souvient plus ou moins de la première scène du film. Dans un camp d’extermination nazi situé en Pologne, un jeune garçon est séparé manu militari de ses parents. Il se débat, hurle de chagrin, s’énerve, tend la main et plie un portail métallique. Les spectateurs dans la salle comprennent alors très vite qu’il s’agit du futur Magneto. Ça y est, ça vous revient ? Bon. Eh bien, X-MEN : LE COMMENCEMENT reprend ladite séquence à son propre compte et la prolonge. On découvre le petit Erik Lehnsherr conduit dans le bureau d’un singulier médecin (interprété par Kevin Bacon) juste après cet étrange épisode. Ce dernier lui demande de faire bouger une pièce. Sans succès. Il convoque alors la mère d’Erik. On n’en dira pas plus… Pendant ce temps-là, à Vera Cruz (enfin outre-Atlantique, plutôt), le petit Charles Xavier se sent bien seul. C’est alors qu’il tombe nez-à-nez dans sa cuisine avec sa mère qui… n’est pas sa mère mais la petite Raven Darkholme (future Mystique). Les pièces du puzzle super-héroïque se mettent peu à peu en place. Dix-huit ans ont passé. Charles Xavier et Raven traînent toujours ensemble et Erik recherche Kevin Bacon pour se venger (de quoi ? Mystère et boules de gomme !). Ce dernier, insaisissable, a changé d’identité et se fait appeler désormais (une cymbale se fait entendre au loin) : Sebastian Shaw, le maître du Club des damnés. Youhouhou ! Les connaisseurs apprécieront et les néophytes seront vite aux anges devant le bonhomme…

Voilà pour le pitch volontairement cryptique de X-MEN : LE COMMENCEMENT. On n’ a pas tout dévoilé, histoire de laisser une chance à ceux qui tomberaient sur cette chronique de ne pas se faire spoiler. En revanche, soyez d’ores et déjà prévenus, les lignes suivantes ne seront pas du même acabit. C’est parti ! D’abord, rappelez-vous : dans le numéro trois du magazine Cinemateaser, nous nous étions intéressés aux nombreuses difficultés rencontrées par l’équipe de production du film. Les délais de tournage, le choix du réal’, les réécritures du scénario, la promo… tout allait plus ou moins de travers. Et, malgré notre furieuse envie de contempler le nouvel opus de la saga X-MEN, nous étions inquiets quant à la qualité définitive du long-métrage. Eh bien, fallait pas ! (Facile quand on a vu la bête) « Notre but est de faire un film cool », avait dit Bryan Singer, producteur du COMMENCEMENT et réalisateur des deux premiers volets X-MEN ? Objectif atteint. Un succès qui tient à trois raisons essentielles, exposées dans l’ordre croissant.

D’abord, le récit s’ancre dans la réalité des sixties. Le fait de propulser l’histoire des X-MEN dans un contexte historique différent et néanmoins vraisemblable permet de créer un schisme avec les précédents opus consacrés à la super-équipe. Le cynisme rampant et la décrépitude des valeurs morales – symptômes du mal-être émotionnel occidental à la fin du XXe siècle –, ont disparu au profit de la légèreté de ton et des espoirs nourris par la population sous la présidence de JFK, au début des années 1960. S’il est question de la crise des missiles de Cuba, Matthew Vaughn entretient surtout, dans X-MEN : LE COMMENCEMENT, le sentiment nostalgique d’un âge de tous les possibles. D’un temps idéalisé propice à la découverte. Et à l’aventure. Ainsi, nos héros évoluent dans un environnement lisse, au charme suranné, qui ne serait pas pour déplaire à 007.

Ensuite, la tension dramatique du film réside moins dans l’affrontement entre bons et mauvais mutants que dans la beauté complexe de la relation Charles / Erik. Peu importent ici les enjeux internationaux, le risque d’une Troisième guerre mondiale, le massacre d’une humanité désincarnée et invisible. Ce qui compte vraiment, voire exclusivement, est de comprendre comment tout a commencé. Comment deux ennemis mortels ont un jour été des amis. Des frères d’arme. Partageant un rêve commun. Avant de devenir des rivaux. Et de regarder chacun – à la manière de Janus – dans des directions opposées. En terme d’équilibre entre spectacle pyrotechnique et étude de personnages, X-MEN : LE COMMENCEMENT fait aussi bien que X-MEN 2. Une grande partie du mérite revient d’ailleurs à James McAvoy (Charles) – génial en jeune professeur fêtard, dragueur et proactif – et Michael Fassbender (Magneto). Les deux acteurs se révèlent particulièrement inspirés.

Et c’est ce qui nous amène à la troisième (et principale) raison qui fait du COMMENCEMENT, un excellent film et un sacré bon volet X-MEN : le charisme incroyable de Magneto. On est loin du super-vilain qui sucre les fraises dans les trois premiers longs-métrages. Certes, Ian McKellen reste un excellent comédien qui sait être à la fois subtil et menaçant, mais il lui a toujours manqué deux qualités incontournables pour camper le parfait maître du magnétisme : un physique plus imposant et la capacité à laisser parler ses plus bas instincts. À ne pas intellectualiser outre mesure son rôle… Ce que Michael Fassbender, de son côté, a parfaitement saisi. L’acteur livre ainsi une prestation à fleur de peau. De l’ordre du ressenti. Du viscéral. Traumatisé, volontaire, radical, porté par une rage tour à tour salvatrice et maléfique, Magneto est un être cassé, rongé de l’intérieur par des pulsions empruntées aux bourreaux de son enfance. Même au sein d’un groupe, il reste un éternel solitaire aux remords étouffés par la colère. X-MEN : LE COMMENCEMENT aurait pu tout aussi bien s’appeler X-MEN ORIGINS : MAGNETO, cela ne nous aurait pas choqués.

Évidemment, et pour conclure, qui dit un ou deux héros omniprésents à l’écran et dans nos cœurs, suppose que certains personnages secondaires ont perdu en épaisseur. C’est presque toujours le cas, soit-dit en passant, dans les films de bande. Et les jeunes mutants qui forment la première équipe des X-MEN (ne cherchez pas de logique avec celle vue dans les comics, il n’y en a pas), comme les sidekicks de Magneto, se révèlent bof bof. Ainsi, Mystique ne sait pas du tout se battre (à ce point, ça la fout mal par rapport aux deux premiers X-MEN) et si on voit bien Azazel, il faudra attendre une suite pour espérer les voir fricoter ou même se dire « bonjour » (Dans la BD, ils auront un fils… un certain Diablo !). Le Fauve, pour sa part, est touchant mais un poil (huhu !) ennuyeux ; et passée sa transformation en gros Schtroumpf velu, il ne brille pas spécialement par ses aptitudes physiques. Un comble ! Banshee (Le Hurleur) est très cool mais à part jouer les sonars de luxe et dessiner des ronds dans l’eau, on ne voit pas trop à quoi il sert. Quant à Havok, hormis faire du hula hoop avec des anneaux d’énergie, ben… Enfin, depuis quand une barre de métal peut-elle briser un diamant ? Emma Frost est bien jolie mais un peu molle. Tant pis. Reste des caméos très sympas et Sebastian Shaw (Kevin Bacon) qui lui, est un sacré bourrin au sourire carnassier. Son pouvoir qui consiste à absorber toutes les sources d’énergie avant de les retourner à l’envoyeur, est véritablement jouissif. On préfère vraiment vous le laisser découvrir. Parce que de toute manière, on le sait (et on le souhaite), vous irez voir X-MEN : LE COMMENCEMENT (même si on vous dit que plusieurs fonds verts sont tout moches ?) À moins de détester les super-héros, c’est quasiment un passage obligé. Et il n’y pas de mal à se faire du bien.

De Matthew Vaughn. Avec James McAvoy, Michael Fassbender, Kevin Bacon. 2h10. États-Unis. Sortie le 1er juin

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