ATTACK THE BLOCK : chronique

20-07-2011 - 07:04 - Par

Divertissement euphorisant et décomplexé autant que chronique politique, le premier film de Joe Cornish prouve une fois de plus la diversité du cinéma anglais.

Quand des jeunes lads d’une banlieue londonienne rencontrent un alien tombé du ciel, que font-ils ? Ils lui foutent sur la tronche ! Sauf que Moses, 15 ans et leader de petits délinquants, qui a tatané et occis l’E.T., ne savait pas que ses congénères viendraient réclamer vengeance. Débute alors une bataille épique entre ados et extraterrestres, où la tour de cité fait office de champ de bataille. ATTACK THE BLOCK pourrait se vendre uniquement sur ce pitch dévastateur, qui fait infuser un genre purement hollywoodien –l’invasion alien – dans une cinématographie européenne et un décor plus habitué aux drames sociaux, la banlieue. Sauf que la première réalisation de Joe Cornish (coscénariste de TINTIN) s’avère au final plus imposante que la somme de ces arguments alléchants. D’un pur point de vue de divertissement, ATTACK THE BLOCK n’a aucune leçon à recevoir de ses homologues américains. Passées les dix premières minutes du film, un peu longuettes et attentistes, le récit s’emballe et propose une flopée de moments de bravoure jouissifs, menés sur un rythme assez ahurissant. Qu’il s’agisse d’une attaque de fourgon blindé par des aliens retors ou d’un duel mortel dans un couloir d’immeuble enfumé, Joe Cornish assure le spectacle et propose une foultitude d’idées de mise en scène – rehaussées par une direction artistique originale – pour créer la tension et l’identification du spectateur. Mais au-delà de ses qualités d’entertainer, ATTACK THE BLOCK s’attache surtout à observer ses personnages avec une finesse rare dans le genre et, exploit pour une première œuvre, sans la moindre complaisance. Moses, surtout, figure mélancolique de délinquant au cœur qui saigne de s’être trop blindé, illumine le film par sa grâce, sa complexité, et l’interprétation fiévreuse du fabuleux John Boyega. On découvre à travers lui que les soucis de territorialité de la banlieue, les préjugés réciproques ou l’envie de s’affirmer dans sa propre culture sont définitivement des thèmes universels, que l’on vive d’un côté ou l’autre de la Manche. Une fable politique insérée avec délicatesse dans le popcorn – celui-ci gagne ainsi en saveur –, et qui prend d’autant plus de force qu’elle permet de conclure ATTACK THE BLOCK en dehors des conventions du happy end.

De Joe Cornish. Avec John Boyega, Nick Frost, Jodie Whittaker. Angleterre. 1h28. Sortie le 20 juillet

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