LA PLANÈTE DES SINGES – LES ORIGINES : Chronique

07-08-2011 - 11:11 - Par

Un peu préquelle, un peu reboot, ce nouveau volet de LA PLANÈTE DES SINGES est une genèse magnifique de l’une des grandes sagas SF de l’Histoire.


Un scientifique, Will Rodman, dont le père souffre d’Alzheimer, cherche la cure définitive à cette grande maladie de notre temps. Il teste son remède sur un chimpanzé femelle qui va devoir être abattue après un coup de folie. Mais son bébé lui, recueilli pas Will, va comme sa mère, démontrer des aptitudes intellectuelles hors norme. Ainsi qu’une grande empathie. Entre sa nature animale et son acquis humain, César – puisque tel est son nom – va mener ses congénères à refuser leur condition de bête de labo. En optant pour une modernisation totale du propos de LA PLANÈTE DES SINGES, en l’ancrant dans une vérité scientifique anxiogène, Rupert Wyatt, le réalisateur (déjà aux commandes de THE ESCAPIST) de LES ORIGINES a tout gagné. Blockbuster bâtard, il oscille entre thriller sur fond de science, film d’action, et drame particulièrement touchant. Sa première force ? Ne pas renier le film de 1968 en multipliant les clins d’œil et en posant bien les bases de la mythologie. Sa deuxième force : alors que la fin du film est courue d’avance, le script ménage un suspense reposant uniquement sur la force des rapports « humains ». Sa troisième force, c’est de prendre le temps de développer l’amitié ambiguë entre Will et son animal de compagnie, brouillant la frontière entre les liens d’amour qu’il ressent pour la bête et la finalité utile de cette amitié. Une relation complexe entre César et son maître, déroulant ainsi la bataille intérieure du Chimpanzé, tiraillé entre sa bestialité et l’envie d’acceptation par le genre humain.

Mais les Hommes eux, de faux pas maladroits en cruauté gratuite, ne cesseront de rejeter cet animal si loin si proche d’eux. Peu importe qu’il ait des sentiments profonds, qu’il ressente de l’amour, de la générosité, de la compassion, peu importe qu’il communique (par langue des signes ici), qu’il ait conscience de son passé ou qu’il questionne son avenir. En creux, c’est le portrait de toutes les oppressions que l’Histoire du monde ait connues que Rupert Wyatt dépeint à coups de « dialogues » simples et d’émotions sobres. D’aucun dirait que le film est un non-blockbuster. C’est vrai car force est d’avouer que se dégage LA PLANÈTE DES SINGES : LES ORIGINES une noblesse incroyable. Une retenue salvatrice. Si bien que quand la scission entre l’Homme et l’animal est inévitable, c’est le déchirement total. Bien sûr, quelques personnages secondaires pourraient facilement être dégraissés du script : Freida Pinto, en bonne conscience de la médecine, n’est là que pour rappeler l’hégémonie de la nature, quant aux personnages sombres incarnés par Tom Felton et Brian Cox (père et fils dans le film), ils font doublon dans la peau de tyrans du genre animal. Mais ces défauts sont négligeables devant un récit écrit avec une telle sensibilité.

Et si le film dégage une telle pertinence, c’est qu’évidemment, derrière chaque bête se tient un acteur : Andy Serkis, incarnant César par le biais de la motion capture, prête sa gestuelle bien sûr, mais surtout son regard à la bête, reflet d’une âme torturée. Et c’est extrêmement perturbant d’être face à ce mélange subtile de bestialité et d’humanité. Et puis, il y a la révolte, mise en scène dans des séquences choc, à l’imagerie guerrière et iconique, qui reste longtemps gravée tant elle exhale une soif de liberté, de fierté, d’égalité et une violence rarement retranscrites au cinéma. Plus déroutant encore, l’absence de message moralisateur, le refus du jugement, le regard objectif sur les faiblesses des hommes et attendri face à l’innocence bafouée. Et quand point la fin du genre humain, n’est-ce pas là justice rendue… Épatant.

De Rupert Wyatt. USA. Avec James Franco, Andy Serkis, John Lithgow. 1h50. Sortie le 10 août

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.