COWBOYS ET ENVAHISSEURS : chronique

23-08-2011 - 22:31 - Par

Après avoir fait d’IRON MAN le héros le plus cool du monde, Jon Favreau revisite le western à la sauce SF relax. Et normande : ni tout à fait bon, ni tout à fait mauvais.

Steven Spielberg à la production exécutive. Alex Kurtzman, Roberto Orci et Damon Lindelof au scénario. Harrison Ford, Daniel Craig, Sam Rockwell au casting (entre autres). Le bon faiseur Jon Favreau à la réal’. Et un pitch tout con : dans le grand Ouest, dans la ville d’Absolution, un étranger (Craig) se réveille amnésique et se met quelques locaux à dos en pétant des mâchoires (dont le très énervé Woodrow Dollarhyde, incarné par Ford). Mais se réconcilie vite avec tout ce beau monde quand des aliens attaquent, et qu’ils les dézinguent avec un mystérieux bracelet attaché à son poignet. Avec un tel pedigree, COWBOYS ET ENVAHISSEURS se présentait comme l’un des blockbusters les plus alléchants de l’été et potentiellement l’un des plus rafraîchissants. Un bon vieux Pulco citronnade à déguster le sourire aux lèvres. Et si l’on voyait un seul possible énorme obstacle se dressant devant la transformation de l’essai, c’était le mélange casse-gueule de western et de SF. Première constatation : ce n’est pas sur ce cocktail dangereux que COWBOYS ET ENVAHISSEURS trébuche. On pourrait même dire que la chose fonctionne plutôt bien. Du moins, jusque dans le dernier tiers, lors de l’affrontement final entre aliens et cowboys, où, en raison d’une certaine paresse d’écriture, la crédibilité du film s’effrite. Peut-on sérieusement accepter en 2011 que 20 cowboys et 30 Indiens tiennent tête à de surpuissants extra-terrestres uniquement armés de lances et de six coups ? Ou qu’ils soient toujours aussi nombreux à l’écran après avoir été décimés de plan en plan ? Un gros défaut d’autant plus dommageable – car il conclut le film – que d’autres moments de bravoure se révèlent particulièrement prenants, efficaces et jubilatoires (la première attaque, la poursuite d’un aéronef par un Craig à cheval). On se laisse donc prendre au jeu assez facilement, Favreau dosant à merveille son récit durant la première heure du récit. En distillant habilement le mystère entourant son héros, il prend le temps pour développer ses personnages, qu’il présente comme de bons vieux archétypes de western, avant de les déconstruire via des révélations offrant à leur psychologie une plus grande complexité. Dire que nous ne nous attendions pas forcément à voir des personnages parler d’héritage, d’acceptation de l’autre, de filiation de cœur surpassant celle de sang, ou de rédemption par l’amour dans un film intitulé COWBOYS ET ENVAHISSEURS est un doux euphémisme. Alors que le film tire justement là ses atouts les plus assurés, comme dans la relation plutôt finaude entre Dollarhyde et son bras droit indien Nat Colorado. Alors d’ou vient l’avarie qui empêche COWBOYS ET ENVAHISSEURS de pleinement nous convaincre ? Du fait que le film semble si occupé à réussir son mélange des genres – jusque dans son esthétique, racée, et portée par un travail remarquable du chef op Matthew Libatique – qu’il finit par manquer singulièrement de folie. Jamais le scénario ne surprend vraiment, alors qu’avec un pitch foncièrement inédit, il était de son devoir de prendre le spectateur à rebours, voire d’afficher un certain mauvais goût de série B… Trop lisse ? Sans doute. Mais aussi trop long, au point que devant le manque d’enjeux dans le spectacle, l’ennui prend peu à peu le pas…

De Jon Favreau. Avec Daniel Craig, Harrison Ford, Olivia Wilde. Sortie le 24 août.

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